Alzheimer : un examen du cerveau pour un dépistage précoce ?

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Il existerait des moyens de faire un dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer grâce à un examen du cerveau. Des changements cérébraux sont en effet observés avant que des problèmes de mémoire ou de raisonnement ne soient perceptibles chez le malade. L’objet serait de proposer le plus tôt possible des traitements visant à ralentir la progression de la maladie.

L’intelligence artificielle au service du dépistage précoce ?

Une étude publiée dans la revue américaine Radiology suggère que l’intelligence artificielle (IA) pourrait être utile pour détecter de subtiles modifications métaboliques dans certaines zones du cerveau, caractérisées par un changement de la consommation de glucose par les neurones de ces zones. L’IA utilise des milliers d’imageries cérébrales provenant d’un millier de patients. Selon des résultats préliminaires provenant de cerveaux de 40 patients analysés jusqu’à 6 ans avant la déclaration (ou l’absence) de la maladie, l’IA a pu établir un diagnostic correct sur d’anciens cas avec un taux de réussite de 100%. L’IA a observé des imageries anciennes, datées de 6 ans avant  (ou non) des patients du panel.

L’intelligence artificielle pourrait par ailleurs être mise à profit dans le cadre d’un dépistage précoce et automatique de la maladie d’Alzheimer à partir d’un examen de neuroimagerie.

Source: Ding Y et coll. A Deep Learning Model to Predict a Diagnosis of Alzheimer Disease by Using (18)F-FDG PET of the Brain. Radiology. 2018.



Un cortex entorhinal plus petit est un signe avant-coureur

L’étude a porté sur des personnes âgées qui vivent dans la communauté de Toronto et qui ne connaissaient aucun problème majeur de mémoire, mais qui ont obtenu un score inférieur à la normale sur un test de dépistage de la démence.

Au sein de ces personnes âgées, les chercheurs ont également trouvé des signes d’atrophie dans une région du cerveau connue pour être touchée précocement, à savoir le cortex entorhinal antérolatéral situé dans le lobe temporal du cerveau.

Cette étude est la première à mesurer cette sous-région cérébrale particulière chez les personnes âgées qui n’ont pas de diagnostic de démence ou des problèmes de mémoire qui affectent leur routine quotidienne.

L’analyse du cortex entorhinal permettrait donc de faire un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.

Elle est également la première étude à démontrer la fiabilité du test de dépistage de la démence (le Montreal Cognitive Assessment ou MoCA en abrégé), dont le score est lié au volume (taille) de cette petite région, ainsi qu’à d’autres régions du cerveau touchées au début de la maladie d’Alzheimer.

«Ce travail est une première étape importante dans la mise en place d’une procédure visant à identifier les personnes âgées vivant de façon autonome à la maison sans problème de mémoire et qui sont à risque de démence», explique le Dr Morgan Barense du Département de psychologie de l’Université de Toronto et auteur principal de l’étude.

Volume du cortex entorhinal (en vert) apparaissant plus petit chez une personne avec un trouble cognitif évoluant vers une maladie d’Alzheimer (1), comparée à une personne sans trouble cognitif (2).

L’équipe a étudié 40 adultes âgés de 59 à 81 ans qui vivent de façon autonome (ou avec un conjoint) à la maison. Tous les participants ont passé le test MoCA. Les personnes ayant une marque inférieure à 26 – un score qui indique un problème potentiel de troubles cognitifs et de mémoire en particulier et suggère qu’un dépistage de démence supplémentaire est nécessaire – ont été comparées à celles qui avaient une marque supérieure à 26 et plus.

Les scientifiques ont pu mesurer de façon fiable le volume du cortex entorhinal antérolatéral en utilisant des analyses cérébrales à haute résolution qui ont été collectées chez chaque participant.

Les différences de taille les plus importantes ont été retrouvées dans les régions du cerveau connues pour être touchées tout au début de la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs vont mettre au point une étude de suivi pour déterminer si les individus qui avaient des problèmes de mémoire et certaines régions du cerveau atrophiées ont en effet développé une démence.

Source : Lok-Kin Yeung et coll. Anterolateral entorhinal cortex volume predicted by altered intra-item configural processing. The Journal of Neuroscience, mai 2017; 3664-16.