Maladie d’Alzheimer : les signes et symptômes

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La maladie d’Alzheimer est responsable de plusieurs symptômes (c’est-à-dire ce que ressent le patient) et se caractérise par des signes cliniques qui peuvent être constatés par les proches et le médecin.

Certains signes précurseurs sont souvent insidieux : modification du poids, du comportement, du langage, de la marche et du sommeil, ainsi que la survenue de chutes à répétition.


Les signes et symptômes de la maladie d’Alzheimer

Pertes de la mémoire récente

Les troubles de mémoire sont les symptômes qui constituent le principal motif de consultation, de l’initiative du patient ou plus fréquemment de celle de la famille. En effet, le patient a tendance à minimiser ou nier ses troubles. Les troubles de mémoire portent sur les faits récents puis dans un deuxième temps sur les faits anciens. C’est la mémoire dite épisodique qui est principalement touchée. Par exemple, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer oublieront souvent d’aller à un rendez-vous (si c’est un événement qui revient fréquemment). Selon une étude publiée en 2015, les femmes présentant des troubles de la mémoire ont un risque accru (+70 %) de développer une démence à partir de 65 ans.

Difficultés à exécuter des tâches quotidiennes

Les personnes auront de la difficulté à exécuter des tâches quotidiennes familières qui ne demandent aucun effort particulier (ex. utiliser un appareil électroménager).

Difficultés à s’exprimer et trouver les mots justes.

Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer oublie souvent des mots simples. Par exemple, elle demandera « la chose pour manger » plutôt que la fourchette.

Difficultés à s’orienter dans l’espace et dans le temps.

La personne atteinte de la maladie d’Alzheimer peut s’égarer dans sa propre rue, ne plus savoir où elle est et ne plus pouvoir rentrer chez elle.

Difficultés de porter un jugement.

Les personnes atteintes d’Alzheimer peuvent s’habiller sans porter attention à la température extérieure. De plus, elles manquent de discernement quant aux questions d’argent et peuvent être victimes d’abus.

Difficultés de manipuler des notions abstraites.

Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer perd la notion des chiffres ou ce qu’ils représentent. Par exemple, elle ne sait pas ce que représentent les chiffres sur un relevé bancaire ou un panneau de signalisation.

Difficultés à retrouver des objets égarés.

Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer rangera les objets dans un endroit inapproprié. Par exemple, des clés dans un frigidaire ou une montre dans une boite à chaussure.

Troubles dépressifs et comportementaux.

Une personne atteinte d’Alzheimer peut changer vite d’humeur et passer d’un état serein à des crises de larmes ou de colère, sans raison apparente. De nombreuses études ont même démontré que près de 90% des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer présentent également des troubles de l’humeur, de l’agitation et une perte d’appétit. Selon leurs auteurs, ces résultats suggèrent que ces troubles interviennent des années avant le diagnostic de démence. Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont également présenté plus précocement des troubles comportementaux : perte d’appétit, apathie, irritabilité…

Changements de personnalité.

La personne atteinte d’Alzheimer peut devenir rapidement très confuse, craintive ou méfiante vis-à-vis d’un proche.

Perte d’intérêt. La personne atteinte d’Alzheimer peut devenir passive et passer des heures à ne rien faire (ex. regarder pendant des heures la télévision, dormir plus que la normale et ne pas sortir dehors).

En résumé, la maladie d’Alzheimer se traduit par des symptômes cognitifs et non cognitifs (c’est-à-dire psychologiques et comportementaux) qui altèrent les activités de vie quotidienne.


Les deux formes de symptômes de la maladie d’Alzheimer

Les symptômes peuvent être divisés en deux classes: les symptômes cognitifs et les symptômes psychologiques et comportementaux.

Les symptômes cognitifs

Troubles de mémoire : la personne a des problèmes pour récupérer l’information stockée dans son cerveau. Cette incapacité est compensée au début de la maladie grâce au travail de certaines parties du cerveau qui
restent intactes (notamment le lobe frontal), mais s’accentue graduellement au fur et à mesure que la maladie s’aggrave.

D’abord limitée aux années qui précèdent la maladie, l’amnésie rétrograde s’étend peu à peu jusqu’à atteindre les souvenirs les plus précoces et même l’identité du malade, qui a de plus en plus de difficulté à reconnaître ses proches. L’amnésie touche aussi bien la mémoire épisodique (les souvenirs propres au patient) que la mémoire sémantique (savoir nommer des objets ou images, avoir une fluidité verbale…). La mémoire de travail est en général touchée au début de la maladie : les patients éprouvent des difficultés lors de la réalisation de tâches simultanées.

Les déficits de la mémoire sémantique sont en général plus tardifs que les troubles de mémoire épisodique. Cela se traduit par de la difficulté à dire le plus possible de mots commençant par une lettre donnée (mauvaise fluidité verbale), à faire des paraphasies (par ex. dire table à la place de bureau), à répondre de manière plus générale (par ex. dire animal pour chien) et à connaître des problèmes de classification catégorielle (le patient a du mal à deviner qui du sapin ou du palmier est sémantiquement le plus proche de la pyramide).

Troubles visuels et spatiaux.

Troubles du langage : ils sont liés aux troubles de mémoire sémantique et peuvent être précoces. Au début de la maladie, ils se caractérisent le plus souvent par un manque de mot qui altère le discours spontané : les patients tentent souvent de contourner l’obstacle en usant de circonlocutions. À ce stade il n’y a pas généralement de perturbation phonémique ou syntaxique ou pas de troubles de la compréhension et l’élocution est normale. À un stade plus avancé, les paraphasies sont nombreuses. On observe des persévérations sur un mot ou une syllabe, ou autour d’un thème. L’ordre  logique des mots disparaît dans le discours, et la compréhension orale est perturbée.  En revanche, le langage écrit peut être atteint, avec des difficultés d’orthographe.

Enfin, au stade sévère de la maladie, la production spontanée est fortement réduite, voire inexistante. Elle peut se limiter à une écholalie. Le langage est mal compris. On parle d’aphasie globale.

Troubles pratiques (apraxie)

Perte de reconnaissance d’objets, de visages (agnosie).

Altération des fonctions exécutives et du jugement. Les troubles des fonctions exécutives se manifestent par des difficultés d’abstraction, de raisonnement, de flexibilité mentale et de planification.

Les symptômes psychologiques et comportementaux

  • Symptômes dépressifs
  • Perte d’initiative et d’intérêt
  • Indifférence
  • Anxiété, souvent associée à la dépression.
  • Irritabilité
  • Agitation
  • Agressifs
  • Idées délirantes (idées de persécution, de jalousie)
  • Hallucinations (essentiellement visuelles)
  • Troubles du sommeil
  • Déambulations (stade sévère)
  • Fugues
  • Episodes confusionnels (dans les stades modérés et sévères).
  • Désinhibition
  • Comportements moteurs répétitifs
  • Troubles des conduites alimentaires

Quels sont les signes qui doivent nous inquiéter ?

Il existe des motifs d’inquiétude lorsqu’une personne :

  • ne peut faire deux choses à la fois (exemple préparer un dîner);
  • s’égare sur un trajet familier;
  • oublie les noms de proches;
  • ne reconnaît plus le visage de proches;
  • ressasser les mêmes questions.

Une consultation s’impose si la personne :

  • ne sait plus effectuer certaines tâches quotidiennes (exemple faire fonctionner une laveuse);
  • se perd dans les liens familiaux;
  • ne connaît plus la fonction de certains objets;
  • range des objets dans des endroits inappropriés.

En revanche, il n’y aucun motif d’inquiétude lorsque la personne :

  • ne sait plus où elle a garé sa voiture;
  • oublie de rappeler quelqu’un;
  • oublie le nom d’une personne qu’elle vient de rencontrer;
  • ne sait plus où a rangé un objet;
  • ne se rappelle plus d’un mot.

Autres signes précurseurs possibles

Anosognosie

Les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer se rendent peu ou pas du tout compte de leur maladie : c’est l’anosognosie.  Elle complique la prise en charge du malade et accentue le fardeau de l’aidant. Ce serait un des signes précurseurs possible.

Perte de poids


Le trouble (déficit) comportemental léger : un des symptômes précurseur de la maladie d’Alzheimer

Des chercheurs ont dressé une liste de symptômes comportementaux pour aider à identifier les personnes à risque, en partant du principe que certains changements de comportement peuvent être un des signes avant-coureur de la maladie d’Alzheimer. Les experts ont longtemps mis l’accent sur le fait que le trouble cognitif léger était un signe d’alerte précoce de la maladie d’Alzheimer. Maintenant, certains d’entre eux mettent en avant un nouveau concept qu’ils appellent « trouble (déficit) comportemental léger », décrivant des changements anormaux et persistants dans le comportement d’une personne âgée. Les changements incluent des problèmes tels que le retrait social, des crises de colère, l’anxiété et l’obsession.

«Nous ne parlons pas de soubresaut dans le comportement de quelqu’un mais d’un comportement anormal et persistent. il serait le premier signe que quelque chose qui ne va pas dans le cerveau », déclare l’auteur principal de l’étude.

Ce dernier et ses collègues ont mis au point une liste de contrôle des symptômes que les médecins pourraient utiliser pour évaluer les patients avec des problèmes de comportement. L’outil doit cependant être affiné car les recherches présentées lors de la Conférence sur la maladie d’Alzheimer sont préliminaires.

« Les gens pensent souvent que la maladie d’Alzheimer est avant tout un problème de perte de mémoire. Cependant, de nombreux patients atteints de démence ont également des symptômes neuropsychiatriques – un terme générique englobant des problèmes de comportement et des troubles de l’humeur et de perception ».

Selon le chercheur, il est important pour les médecins que les familles puissent se rendre compte que des changements de comportement durables peuvent être un signe d’alerte.

Voici une liste de symptômes de trouble comportemental léger :

  • diminution de la motivation qui fait référence à de l’apathie ou un manque d’intérêt pour des choses pour lesquelles les individus avaient un intérêt. Par exemple, un grand-parent ne semble plus s’intéresser à la vie de ses petits-enfants. L’apathie apparaît chez 25% à 50% des patients, selon les études;
  • symptômes émotionnels tels que la dépression, l’anxiété et l’irritabilité;
  • difficultés à contrôler ses impulsions et qui se manifestent par de l’agitation, de l’obsession ou même des habitudes comme le jeu;
  • problèmes avec la perception, avec présence de délires ou d’hallucinations. Les personnes âgées souffrent d’un trouble comportemental léger si elles présentent l’un de ces symptômes, de manière périodique, pendant au moins six mois.

Les chercheurs estiment que 13% des personnes âgées atteintes de trouble cognitif léger vont développer une démence sur un an. Ce pourcentage monte à 25% s’il y a également présence de troubles comportementaux légers .

À l’heure actuelle, il n’y a pas de traitements qui peuvent prévenir ou traiter durablement les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Cependant, la détection précoce permet d’obtenir des traitements disponibles et des services de soutien le plus tôt possible. En ce qui concerne les problèmes de comportement, il existe des moyens pour les gérer. Dans certains cas, un changement mineur dans l’environnement d’une personne peut aider. Certaines personnes peuvent être traitées avec des médicaments tels que des antidépresseurs ou des anxiolytiques, sous la supervision d’un médecin. Source : Alzheimer’s Association International Conference, Toronto, juillet 2016.

En 2015, une étude menée par des chercheurs américains (Washington University School of Medicine, Saint-Louis) indiquait déjà que les troubles comportementaux pouvaient être présents avant les problèmes de mémoire. Les auteurs décrivent ces troubles avec par ordre d’apparition :

  • l’irritabilité,
  • la dépression,
  • les perturbations du sommeil,
  • l’anxiété,
  • la modification d’appétit,
  • l’agitation et l’apathie,
  • l’exaltation,
  • les troubles moteurs,
  • les hallucinations,
  • les illusions et
  • la désinhibition.

Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont analysé les dossiers de 1218 personnes qui avaient d’abord consulté sans signe de maladie d’Alzheimer, avant que cette dernière ne se déclenche par la suite. Source : “Noncognitive” symptoms of early Alzheimer disease. Neurology, janvier 2015.

Cependant, une étude publiée dans JAMA Psychiatry en 2017 ne soutient pas l’idée d’un changement de personnalité avant l’apparition d’un déficit cognitif léger ou d’une démence.

Selon l’auteur principal de l’étude :

Nous avons constaté que la personnalité est restée stable même au cours des dernières années avant le début de la maladie.

Les chercheurs ont analysé la personnalité et la performance cognitive de plus de 2 000 individus qui ne présentaient pas de déficit cognitif avant l’étude. Environ 18 % des participants à l’étude ont développé plus tard un déficit cognitif ou une démence.

Ce que les chercheurs ont trouvé, c’est que la trajectoire des traits de personnalité ne différait pas entre ceux qui développeraient plus tard la démence et ceux qui sont restés sans problème cognitif.

Alors que le changement de personnalité n’était pas un signe précoce de démence, l’étude appuie davantage sur le fait que les traits de personnalité (par exemple une forte émotivité ou un faible niveau de conscience) sont des facteurs de risque de démence. Source:  A. Terracciano et coll. Personality Change in the Preclinical Phase of Alzheimer Disease. JAMA Psychiatry, septembre 2017.


Expression orale

Des chercheurs américains ont tenté de déceler chez Ronald Reagan  les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, en étudiant ses conférences de presse alors qu’il était président des Etats-Unis d’Amérique. Les textes ont été comparés à ceux de George H.W. Bush père. Les réponses aux conférences de presse ont la particularité de requérir un effort cognitif important car elles doivent être spontanées.

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Ronald Reagan a été diagnostiqué Alzheimer en 1994, soit 5 ans après qu’il a quitté la présidence des Etats-Unis. Il avait régulièrement été suivi par ses médecins durant ses deux mandats présidentiels. Ses propos tenus lors de conférences publiques ont notamment été scrutés de près. Par exemple, lors d’un débat avec son opposant W. Mondale en 1984, il avait confondu l’endroit où se trouvait avec la capitale fédérale (NDLR ce qui peut être vu comme un lapsus). Les chercheurs de l’Université de l’Etat de l’Arizona ont remarqué de subtils changements entre son premier et son deuxième mandat en comparant les extraits ses conférences de presse avec celles de George HW Bush, les deux ayant à peu près le même âge au début de leur mandat (69 ans pour Reagan en 1981, 64 ans pour Bush en 1993). À l’aide d’un algorithme, ils ont étudié les changements dans les modes d’expression des deux présidents. Cet algorithme avait été utilisé pour analyser les modifications d’écriture des romanciers.

Résultats : Ronald Reagan avait tendance, vers la fin de sa présidence, à répéter le même mot et à utiliser des mots imprécis (exemple « chose »), contrairement à son successeur George Bush qui n’a pas développé la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs soulignent cependant qu’il faudrait tester cet algorithme sur un nombre important de personnes afin de le valider scientifiquement. Pour rappel, les difficultés à trouver les mots justes sont un des principaux signes précurseurs de la maladie. Ainsi, une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ne se souvient plus de mots simples (« p. ex. couteau ») et les remplacera par une expression (« la chose pour couper  »). Cela est difficilement décelable au début de la maladie, car le malade masque son état en utilisant des phrases soigneusement répétées et des mots simples. Cet algorithme avait auparavant été utilisé sur les écrits d’Agatha Christie, soupçonnée d’avoir été atteinte de la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur ceux de l’écrivain britannique Iris Murdoch, atteinte de la maladie.


Alzheimer : des signes modifiés dans l’activité cérébrale

Une étude française (Pitié-Salpêtrière, Paris, France) vise à identifier précocement les premiers signes et symptômes de la maladie d’Alzheimer chez 400 personnes de 70 ans et moins et en bonne santé mentale. Les participants vont devoir passer des tests cognitifs sous la forme d’exercices mentaux. En parallèle, l’activité électrique du cerveau – plus exactement le cortex cérébral – est enregistré par électro-encéphalographie (EEG).

Le moindre changement de l’activité cérébrale pourrait être interprété comme le signe d’une perte de connexions synaptiques et de matière grise, caractéristique d’un début de maladie d’Alzheimer.

L’intérêt de l’étude, baptisée Insight, est donc d’identifier le patient avant qu’il soit dans un état prodromal, c’est-à-dire avant que les premiers symptômes deviennent détectables par les tests neuropsychologiques. Pour cela, les chercheurs espèrent pouvoir identifier des symptômes et signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer avant le stade prodromal. Les 400 participants vont passer tous les cinq ans (deux fois par an) des tests cognitifs (mémoire, attention, fonctions exécutives, langage, praxie etc.).

EEG_IRM

Les neuropsychologues tentent de distinguer les troubles qui apparaissent normalement au cours du vieillissement de ceux qui doivent alerter, notamment la difficulté de mémoriser un mot nouvellement acquis ou un événement nouveau (on parle d’amnésie antérograde). Pendant qu’ils effectuent leurs exercices mentaux, les chercheurs placent des électrodes sur le crâne des individus pour effectuer un EEG. Selon les chercheurs, « la maladie d’Alzheimer modifie l’EEG au repos et en cours d’exercice. Ces subtils changements sont la conséquence d’une perte de neurones et de synapses (zones de contacts entre les neurones). Une prise de sang sera effectuée en parallèle.

Lorsqu’un cas d’Alzheimer se sera déclaré, les échantillons sanguins seront analysés afin d’identifier des marqueurs biologiques susceptibles d’être impliqués dans la pathologie de la maladie. Enfin, les individus sont soumis deux fois par an à un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui permettra de visualiser les éventuelles lésions cérébrales, en particulier dans l’hippocampe – zone impliquée dans la mémoire. On estime que le volume de l’hippocampe diminue de plus de 4% par an chez les malades Alzheimer, contre seulement 1% chez des sujets sains.

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Marche plus lente

marche parkinson

Les personnes âgées qui marchent plus lentement ont de plus grandes quantités d’amyloïde dans leur cerveau, selon une étude française. Les chercheurs ont rapporté une association (bien que modeste) entre des niveaux plus élevés de plaques amyloïdes dans le cerveau et une vitesse de marche plus lente chez les personnes âgées. L’amyloïde est une protéine qui s’accumule –sous forme de plaques – dans le cerveau des patients Alzheimer.

« Ces résultats suggèrent que les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer présentent des signes subtiles de perturbations de la marche, en plus des symptômes bien connus tels que les plaintes de mémoire, même chez celles ayant un rythme de marche normale», a déclaré l’auteur principal de l’étude (Université de Toulouse).

Cette étude, qui a permis aux chercheurs de regarder les participants à un moment précis dans le temps, a seulement établi une association entre les niveaux d’amyloïde du cerveau et de la vitesse de marche, mais pas une relation de cause à effet entre les deux. L’équipe de recherche a analysé 128 personnes (moyenne d’âge : 76 ans) qui n’avaient aucun diagnostic formel de démence, mais étaient considérés comme à haut risque en raison de problèmes de mémoire. Près de la moitié présentaient des niveaux anormalement élevés de plaque amyloïde dans leur cerveau (48%) et un déficit cognitif léger (46%). La vitesse de marche a été mesurée en utilisant un test standard de synchronisation (passage d’une marche rapide à un rythme de marche habituel). L’amyloïde s’accumule dans plusieurs régions du cerveau, dont une région appelée putamen et impliquée dans la fonction motrice.

« La façon dont nous marchons est contrôlée par des zones du cerveau qui définissent le rythme. Lorsque cette partie du cerveau ne fonctionne pas correctement, cela peut avoir un impact sur la marche ou la vitesse », explique un spécialiste de la maladie d’Alzheimer.

Cependant, il est important de rassurer que les personnes âgées qui marchent plus lentement que d’autres. En 2012, des chercheurs américains (Boston Medical Center) avaient également étudié l’association entre la marche et la performance cognitive chez 2 140 volontaires âgées en moyenne de 62 ans. Ils étaient partis de l’hypothèse que la difficulté à marcher et la vitesse de marche sont des signes avant-coureurs de symptômes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Leurs résultats avaient rapporté un lien entre la vitesse de marche et l’apparition de la démence. Cette association n’a à ce jour aucune explication scientifique. Source : Del Campo N et coll. MAPT/DSA Study Group. Relationship of regional brain β-amyloid to gait speed. Neurology. 2016 Jan 5;86(1):36-43.


Alzheimer : l’imagerie cérébrale pour confirmer les symptômes de la maladie d’Alzheimer

neuroimagerie

Des signes de lésions cérébrales peuvent apparaître bien avant les premiers symptômes chez des individus sains dont les deux parents sont atteints de la maladies d’Alzheimer.

«Lorsque le diagnostic est posé, il est déjà trop tard», déclare Dr Lisa Mosconi (New York University School of Medicine). «Voilà pourquoi il faut détecter les signes de la maladie chez ces personnes à risque avant les premiers symptômes».

52 sujets âgées de 32 à 72 ans ont passé des examens de neuroimagerie – incluant la tomographie par émission de positons et l’imagerie par résonance magnétique – qui permettent de visualiser les plaques amyloïdes et l’activité cérébrale.

Résultats: les individus dont les deux parents étaient atteints de la maladie d’Alzheimer avaient plus de plaques amyloïdes et un volume cérébral inférieur, comparés à ceux dont les parents n’avaient aucune pathologie.

« Notre étude suggère l’existence de gènes de prédisposition qui favorisent les lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer chez les individus à risque. Il reste à déterminer lesquels.» Source:  Brain imaging of cognitively normal individuals with 2 parents affected by late-onset AD.Neurology, 2014.

L’analyse de la structure par IRM se caractérise par une atrophie dans le cortex temporal (en particulier l’hippocampe) et le cortex pariétal, avec une accentuation des sillons.

L’imagerie confirme ou non le diagnostic de présence de symptômes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer et pemet au médecin de décider de prescrire un médicament.

Accentuation des sillons : un des signes diagnostiques de maladie d’Alzheimer

Problèmes de sommeil

insomnie-sommeil

Une expérience menée sur des souris suggère qu’une perturbation du sommeil pourrait être un des signes précoce de la maladie d’Alzheimer. Dans l’étude publiée dans Science Translational Medicine  (sept. 2012), les chercheurs ont montré que le cycle du sommeil se perturbait lorsque des plaques amyloïdes apparaissaient dans le cerveau de ces souris. Pour rappel : les plaques amyloïdes sont des lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer; des chercheurs ont réussi depuis une quinzaine d’années à « fabriquer » des souris transgéniques qui développent ces lésions au fur et à mesure qu’elles vieillissent. Il est important de détecter le plus tôt possible les signes précurseurs de la maladie bien avant l’apparition des premiers symptômes (pertes de mémoire à court terme). Il est maintenant admis que les premiers neurones comment à mourir environ 20 ans avant l’apparition de ces premiers symptômes.

« Si des problèmes de sommeil au tout début de la maladie, ces signes et symptômes pourraient servir de moyen de détecter la maladie d’Alzheimer», explique un des auteurs de l’étude qui ajoute :  «nous ne savons pas encore sous quelle forme apparaissent ces troubles de sommeil: réduction du temps de sommeil, difficultés à s’endormir…».


Chutes fréquentes

Les personnes présentant des lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer (dépôts de plaques amyloïdes et de protéines tau) voient leur risque de chute multiplié par 3 lorsqu’elles pratiquaient une activité de la vie quotidienne. Ces résultats proviennent d’une étude américaine portant sur 125 personnes (âge moyen : 74 ans) dont on a évalué pendant un an le nombre de chutes. Les dépôts amyloïdes et les taux élevés de protéine tau ont été mesurés dans le liquide céphalo-rachidien après ponction lombaire. Source: Neurology, 30 juillet 2013.

Les causes pouvant expliquer ces chutes sont nombreuses et associées à d’autres signes et symptômes de la maladie d’Alzheimer :

  • Déficit des facultés cognitives (jugement, attention).
  • Perte de coordination et de l’habileté.
  • Baisse de la vue.
  • Dénutrition entraînant une perte de la masse musculaire.
  • Fatigue liée à la déambulation.