Maladie d’Alzheimer : dépistage précoce

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Des tests de dépistage sont mis au point pour détecter le plus tôt possible les personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Le dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer est important, car il permettrait aux personnes à risques de recevoir un traitement précocement, avant qu’il ne soit trop tard.

L’une des raisons invoquées par la communauté scientifique pour expliquer le taux élevé d’échecs des études cliniques est qu’il est pratiquement impossible de soigner les patients une fois que les symptômes sont présents.

Dépistage de la maladie d’Alzheimer par détection de l’amyloïde dans le sang

Des chercheurs ont mis au point des tests sanguins qui identifient la protéine amyloïde sous sa forme anormale.

Des recherches récentes montrent qu’un simple test sanguin pourrait permettre de détecter qui pourrait développer la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont pu mettre au point un test sanguin permettant de mesurer la quantité d’amyloïde dans le cerveau d’une personne.

La forme anormale de la protéine se caractérise par une modification de sa structure qui finit par s’agréger. Cette accumulation anormale d’amyloïde apparaît environ 17 ans avant que les symptômes de démence ne surviennent.

Ce test de dépistage présente une fiabilité d’un peu plus de 90% si on le combine avec l’âge ou la présence de l’allèle epsilon 4 de l’APOE (l’APOE4), un facteur de risque génétique (dans 9 cas sur 10, un test positif se confirme par la suite).

Le test permettrait d’identifier les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer, et  d’affiner le diagnostic par ponction lombaire ou par tomographie par émission de positons.

Source : Wolters FJ et coll. Hemoglobin and anemia in relation to dementia risk and accompanying changes on brain MRI, Neurology, juillet 2019;  A. Nabers et coll. Amyloid blood biomarker detects Alzheimer’s disease.EMBO Molecular Medicine (2018) e8763.

Des anticorps à l’étude comme outils de dépistage de la maladie d’Alzheimer

En 2016, une autre équipe avait utilisé des anticorps comme biomarqueurs pour détecter les personnes avec un déficit cognitif léger, stade conduisant à la maladie d’Alzheimer mais aussi à d’autres pathologies telles que des maladies vasculaires.

Les chercheurs ont sélectionné 50 anticorps produits par le système immunitaire comme étant les plus susceptibles de détecter la maladie.

Ils les ont ensuite testé sur 236 personnes dont 50 avaient un déficit cognitif léger.

Selon les expériences effectuées, le test permettait avec 100 % d’exactitude de déterminer les personnes atteintes de déficit cognitif léger conduisant à la maladie d’Alzheimer.

Ces résultats doivent être confirmés avant que le test soit mis sur le marché.

Source : Alzheimer’s & Dementia : Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring, 2016.

Détection de protéines spécifiques de la maladie

En 2014, un test sanguin a permis d’identifier 10 protéines spécifiques de la maladie. 1 148 individus ont participé à cette étude, dont 476 d’entre eux étaient atteints de la maladie d’Alzheimer, 220 avaient des troubles cognitifs légers et 452 étaient en bonne santé cognitive. Sur les milliers de protéines présentes dans le sang, 26 ont été associées à la maladie d’Alzheimer, et 16 à une atrophie cérébrale (reflétant une perte de neurones).

« Nous avons 10 protéines qui permettent de prédire si une personne avec un déficit cognitif léger va développer la maladie d’Alzheimer un an plus tard, avec un haut niveau de fiabilité (87 %) », déclare l’auteur principal de l’étude.

Ce test servirait à identifier les patients à un stade très précoce de la maladie et les inclure dans de nouveaux essais cliniques, afin d’augmenter les chances de développer des traitements efficaces susceptibles de freiner, voire de stopper la progression de la maladie.

« La prochaine étape sera de confirmer ces résultats et de développer un test fiable de dépistage de la maladie d’Alzheimer qui puisse être utilisé facilement par les médecins », conclut le groupe de chercheurs.

Source: Abdul Hye et coll. Plasma proteins predict conversion to dementia from prodromal disease. Alzheimer’s & Dementia, juillet 2014.

Certains lipides seraient également de bons indicateurs

Une équipe de chercheurs américains (Université Georgetown) ont évalué un test chez des adultes septuagénaires en bonne santé mentale. Ils ont mesuré dans leur sang les niveaux de 10 lipides.

La mesure des niveaux de ces lipides permet d’identifier, avec une fiabilité de 90 %, ceux qui développeront des troubles cognitifs sur une période de deux à trois ans.

Cela signifie que dans 9 cas sur 10, une personne avec un test positif souffrira d’un déclin cognitif léger ou d’une maladie d’Alzheimer.

L’auteur principal de cette recherche rappelle que des tests sanguins sont beaucoup plus faciles à réaliser que les tests actuels qui mettent en jeu les techniques de neuroimagerie ou de prélèvement de liquide céphalo-rachidien.

L’étude a suivi, durant 5 ans, 525 participants septuagénaires en bonne santé, dont 74 participants ont reçu le diagnostic de maladie d’Alzheimer ou de déficit cognitif léger amnésique. 

Source: Medicine Plasma phospholipids identify antecedent memory impairment in older adults. Nature, mars 2014.

Un test utilisant l’ADN

Des chercheurs allemands comptent mettre au point un test sanguin permettant de dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer.

Ils ont  identifié 12 fragments de microARN* (ou micro acide ribonucléique) qui seraient caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

Les microARN sont de courts morceaux d’ARN qui régulent l’expression des gènes. Pour rappel, l’ARN est produit à partir de l’ADN dans les cellules pour fabriquer les protéines.

La fiabilité du test est de 93%, c’est-à-dire que 93% des dépistages positifs s’étaient révélés exacts.

202 échantillons sanguins ont été analysés. Ce test sanguin devra être validé auprès d’un échantillon plus large.

Source: revue Genome Biology, 29 juillet 2013.

La neuroimagerie pour le dépistage des premiers signes de la maladie d’Alzheimer

Des chercheurs suisses ont décrypté la manière dont différentes zones du cerveau interagissent entre elles chez des sujets en bonne santé (septembre 2015).

Utilisant la technique de neuroimagerie, ils ont identifié treize réseaux principaux qui s’activent dans le cerveau de ces participants. Cette activation se réalise avec une certaine coordination.

Ces résultats pourraient avoir un impact dans le dépistage de la maladie d’Alzheimer sachant que celle-ci se caractérise par un dérèglement de réseaux de neurones situés dans certaines parties du cerveau, avant l’apparition des premiers symptômes.

Examen des yeux

Des informaticiens écossais (Université de Dundee) vont mettre au point, au printemps 2015, un logiciel Baptisé VAMPIRE (Vessel Assessment and Measurement Plaform for Images of the Retina) qui prendra des images de la vascularisation de l’œil.

Ces données d’imagerie seront combinées avec des informations médicales afin d’établir un possible lien entre des anomalies des vaisseaux qui irriguent l’œil et l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs rappellent que la circulation sanguine (veines et artères) de l’œil subit des changements de ramification suite à l’apparition de certaines pathologies telles que l’AVC ou les maladies cardiovasculaires.

Ces anomalies du système vasculaire se caractérisent par un changement de morphologie des vaisseaux, qui deviennent plus large et plus sinueux. Ils peuvent être les prémices d’une maladie d’Alzheimer.

En 2014, Cognoptix, une entreprise américaine de biotechnologie, avait développé un appareil d’examen ophtalmologique (SAPPHIRE II) pour parvenir à un dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer.

Cet examen permettrait d’identifier un marqueur biologique caractéristique de la maladie (en l’occurrence l’amyloïde) en examinant les yeux des patients, selon Carl Sadowsky, principal coordonnateur des essais cliniques.

Ces études ont porté sur 20 volontaires en bonne santé et a révélé que ce test a une sensibilité de 85 % et une spécificité de 95 % lorsqu’il s’agit de distinguer les patients à risque de ceux qui ne sont pas atteints.