Benzodiazépines

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Les benzodiazépines (BZD) sont les psychotropes les plus couramment prescrits chez la personne âgée. Ils sont principalement indiqués dans le traitement de l’insomnie et de l’anxiété, associées ou non à une dépression. Les BZD ne soignent pas ces troubles et ne sont pas indiqués pour soulager un état nerveux accompagnant le stress de la vie quotidienne.

Dans la population générale, la fréquence d’utilisation serait d’environ 5%. Les facteurs liés à l’usage de benzodiazépine sont de :

  • Anxiété et dépression
  • Sexe féminin
  • Âge avancé
  • Milieu socioéconomique inférieur
  • Faible noveau de scolarité

Insomnie 
Les troubles du sommeil chez les individus âgés de plus de 65 ans sont d’environ 50 %. Ils sont également courants chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer : ces patients ont tendance à passer plus de temps au lit, à dormir moins longtemps, à ne pas vouloir se lever, et à faire souvent des cauchemars. 
Les BZD favorisent l’endormissement, diminuent les terreurs nocturnes (éveil brutal accompagné de pleurs ou de cris), et prolongent la durée du sommeil. Un traitement à faibles doses et à court terme (d’une à deux semaines) avec une benzodiazépine peut être indiqué contre l’insomnie provoquée temporairement par un stress. La qualité du sommeil n’est pas cependant améliorée. 

Trois médicaments ayant des propriétés hypnotiques et sédatives, mais qui n’appartiennent pas à la classe des benzodiazépines, sont également prescrits dans le traitement à court terme de l’insomnie : zaleplon, zolpidem et zopiclone.

Anxiété 
Les BZD sont indiquées pour soulager l’anxiété. L’utilisation des BZD dans l’anxiété doit être de courte durée (pas plus de 4 semaines).


Beaucoup de benzodiazépines sont utilisées dans d’autres situations

  1. Traitement d’appoint des troubles psychologiques. (par ex. l’agressivité)
  2. Traitement des troubles paniques et de l’agoraphobie, en association avec un antidépresseur et une psychothérapie.
  3. Traitement du sevrage alcoolique.
  4. Réduction de l’agitation associée à des idées délirantes.
  5. Apaisement des troubles moteurs (c.-à-d. dystonie, syndrome des jambes sans repos, spasme musculaire associé à une douleur).
  6. Réduction de l’anxiété précédant une intervention chirurgicale (par ex. une endoscopie).
  7. Troubles convulsifs tels que l’épilepsie. Les benzodiazépines peuvent traiter efficacement les convulsions épileptiques, de même que les convulsions provoquées par une dose élevée d’un médicament. L’utilisation des BZD dans le traitement des convulsions se limite à des situations d’urgence et n’est pas appropriée dans le traitement prolongé de l’épilepsie.
  8. Catatonie
  9. Dyskinésie tardive
  10. Akathisie secondaire aux antipsychotiques
  11. Myoclonie
  12. Spasme musculaire
Les benzodiazépine sont principalement indiqués dans le traitement de l’insomnie et de l’anxiété.

Le syndrome de sevrage alcoolique

Le syndrome de sevrage alcoolique est l’affection la plus courante et la plus connue qui survient après l’arrêt intentionnel ou non de la consommation excessive d’alcool. Environ 5 à 10 % de ces personnes souffrent de graves problèmes médicaux et psychiatriques, de crises de sevrage, de troubles de la perception et de delirium tremens. Les benzodiazépines sont les traitements de choix pour le sevrage alcoolique. Le traitement au diazépam ou au lorazépam doit être commencé le plus tôt possible dans l’évolution du sevrage alcoolique afin d’éviter une progression vers un sevrage plus sévère. La plupart des patients doivent être pris en charge ou traités par des soins continus, y compris des traitements psychosociaux et des programmes de prévention.


Quelles sont les différentes benzodiazépines ?

Une BZD est classée en fonction de sa durée d’action : courte, intermédiaire, et lente. Environ la moitié des BZD ont une durée d’action lente avec une demi-vie de plus de 20 heures (c’est-à-dire que le corps met plus de 20 heures pour éliminer la moitié du médicament absorbé).

Ce tableau résume les différentes benzodiazépines prescrites ainsi que leurs indications.

Substances activesIndications
BZD d’action courte
(2 à 5 heures)
 
TriazolamTroubles du sommeil
BrotizolamAnxiété – Convulsions
MidazolamAnxiété – Convulsions
BZD d’action intermédiaire
(6 à 24 heures)
 
TemazepamTroubles du sommeil
AlprazolamAnxiété – Crises de panique – Sevrage alcoolique
BromazepamAnxiété – Sevrage alcoolique
LormetazepamTroubles du sommeil
LorazepamAnxiété – Convulsions – Troubles du sommeil
OxazepamAnxiété – Sevrage alcoolique
BZD d’action lente
(plus de 24 heures)
 
DiazepamAnxiété – Sevrage alcoolique – spasme musculaire – Convulsions
FlurazepamTroubles du sommeil
NitrazepamTroubles du sommeil
ChlordiazepoxideAnxiété – Sevrage d’alcool
FlunitrazepamTroubles du sommeil
ClorazepateAnxiété – Sevrage alcoolique – Convulsions
ClonazepamAnxiété – Convulsions
PrazepamAnxiété – Sevrage alcoolique

Demi-vies des benzodiazépines couramment utilisés

  • Diazépam : plus de 100 heures.
  • Chlordiazépoxide : plus de 100 heures.
  • Flrazépam : plus de 100 heures.
  • Clonazépam :20 à 80 heures.
  • Témazépam : 5 à 20 heures.
  • Lorazépam : 10 à 20 heures.
  • Alprazolam : 10 à 15 heures

Comment les benzodiazépines fonctionnent ?

Presque tous les effets des benzodiazépines se traduisent par un ralentissement de l’activité du système nerveux central. Les BZD agissent en facilitant l’action du neurotransmetteur GABA (acronyme d’acide gamma-aminobutyrique) sur son récepteur (appelé récepteur GABA de type A).

Le GABA, lorsqu’il est libéré par les neurones, se fixe sur son récepteur, entraînant l’inactivation des neurones, en particulier ceux impliqués dans la motricité.

De plus, les BZD ont un effet vasodilatateur et un effet relaxant sur les muscles.


Effets secondaires

Les effest indésirables suivants ont été observés en début de traitement :

  • Somnolence et sédation (35%)
  • Fatigue (15%)
  • Ataxie (15%)
  • Etourdissements (15%)
  • Xérostomie (10%)
  • Céphalées (10%)
  • Tachycardie (8%)
  • Confusion (7%)
  • Insomnie (5%)
  • Hallucinations (5%)

Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux effets secondaires des BZD, dont la fréquence augmente avec l’âge. It est généralement conseillé d’administrer une dose deux fois moins élevée que celle administrée chez l’adulte. De plus, le traitement doit être de courte durée (moins de 2 semaines).

Les effets secondaires significatifs sont les suivants (particulièrement avec les benzodiazépines à action lente): étourdissements, confusion, baisse de vigilance, somnolence, fonctions motrices ou psychiques affaiblies. Par conséquent, ces médicaments peuvent augmenter le risque de chute, de fractures de la hanche, et d’accidents de voiture.

Les benzodiazépines (particulièrement les BZD à action lente) peuvent provoquer une amnésie antérograde (oubli d’événements ayant lieu après l’apparition d’une amnésie), et des troubles de mémoire à court terme. Selon une étude, les benzodiazépines pourraient augmenter le risque de maladie d’Alzheimer.

L’utilisation des BZD chez des patients souffrant d’anxiété et de dépression peut aggraver la dépression et s’accompagner d‘idées suicidaires.

L’utilisation des BZD chez les personnes âgées hospitalisées est associée à une augmentation du risque d’idées délirantes. Les benzodiazépines sont fréquemment citées comme la cause d’un état démentiel qui est toutefois réversible.


Tolérance et dépendance

La communauté médicale reconnaît que l’utilisation à long terme des benzodiazépines doit être évitée, car il existe un risque de tolérance et de dépendance. Ce risque est à prendre au sérieux.

Le risque de dépendance est plus courant chez les personnes âgées qui prennent en parallèle d’autres médicaments, mais également parmi celles qui souffrent de dépression ou de dépendance à l’alcool. La démence, la dépression et l’anxiété sont souvent la conséquence d’une dépendance aux BZD.

Les symptômes de sevrage arrivent souvent chez des patients dépendants qui arrêtent soudainement la prise de benzodiazépines ou qui diminuent subitement la dose. Les symptômes prédominants sont:

  • confusion
  • perte d’orientation accompagnée ou non d’hallucinations.
  • Anxiété
  • Délire
  • Humeur dépressive
  • Insomnie
  • Irritabilité
  • Nausée
  • Agitation psychomotrice
  • Psychose
  • Crises épileptiques
  • Tachycardie
  • Acouphène
  • Tremblement

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