Déhydroépiandrostérone

Naturopathie

La déhydroépiandrostérone (DHEA en abrégé) est une hormone stéroïde fabriquée par le corps humain et en particulier par les glandes surrénales. C’est un précurseur des hormones androgènes et oestrogènes. La DHEA se transforme essentiellement dans une forme plus stable et plus abondante : le sulphate de DHEA (DHEA-S).


Où se procurer la DHEA ?


DHEA


Vieillissement de la peau

Certaines études montrent que la prise de DHEA par voie orale augmente l’épaisseur et l’hydratation de l’épiderme et diminue la pigmentation de la peau du visage chez les personnes âgées. De plus, des études antérieures montrent que l’application de la DHEA (1%) sur la peau pendant quatre mois améliore son apparence, comparée à un placebo.

Dépression

Plusieurs études cliniques indiquent que la DHEA (30-500 mg par jour) améliore les symptômes de la dépression et de dysthymie, comparée au placebo. Il ne semble pas que de plus faibles doses (inférieures à 20 mg par jour) soient efficaces.

Mémoire

Une hypothèse émise par plusieurs chercheurs: la diminution progressive, avec l’âge, de la production de DHEA contribue ou accélère l’apparition de troubles cognitifs observés lors du vieillissement. Un apport régulier de DHEA permettrait de freiner, voire de stopper ces troubles. 
Une méta-analyse publiée en 2006 a retenu les résultats de trois études cliniques remplissant les critères de sélections (quatre autres ont été écartées). 
– La 1ère publiée par Wolf (1998) portant sur 75 individus ages de 59 a 81 ans traités avec de la DHEA (50 mg/jour) pendant deux semaines.
– La 2ème publiée par Barnhart (1999) portant sur 66 femmes postménauposées âgées de 45 à 55 ans et souffrant de différents troubles (manque d’énergie, insomnie, oublis bénins, perte de libido, difficultés à se concentrer, anxiété, dépression).

– La 3ème publiée par Niekerk (2001) portant sur 46 hommes âgés de 60 à 80 ans. Les participants ont été soumis à plusieurs tests cognitifs lors de ces trois études : tests de mémoire visuelle, verbale et spatiale, test d’attention, situation de stress, test de rappel immédiat et indicé.

L’apport complémentaire en DHEA a bien été toléré, mis à part un effet aggravant sur la mémoire visuelle observé dans la 1ère étude. Aucune de ces trois études n’indique que la DHEA améliore la performance cognitive de personnes âgées saines de 50 ans et plus. Les quatres études éliminées de la méta-analyse n’ont également rapporté aucun effet bénéfique.

L’institut américain du vieillissement (National Institute of Aging) a suivi sur une période de 1 à 31 ans une cohorte de 883 hommes âgés de 22 à 91 ans. Ces volontaires étaient en bonne santé et chaque groupe relevait d’un niveau d’éducation homogène. Les concentrations moyennes de sulphate de DHEA de chaque groupe allaient de 523 à 2396 nmol/l. Des tests neuropsychologiques ont été effectués tous les deux ans afin d’évaluer l’attention, la mémoire visuelle et verbale, la fluence verbale, l’attention et les capacités constructives. Ces tests incluent l’examen Mini-Mental State Examination, l’échelle d’attention, d’information et de mémoire de Blessed et le test de rétention visuelle de Benton. Ces résultats indiquent que la baisse du taux de sulfate de DHEA n’est pas systématiquement corrélée à un déclin des performances cognitives.

Cependant, une étude* publiée en 2008 rapporte que les femmes ayant les meilleurs résultats au  test de séquence de chiffres sont celles ayant les niveaux sanguins de sulphate de déhydroépiandrostérone (DHEAS) les plus élevées. Ces résultats suggèrent que les niveaux de ce neurosteroϊde n’auraient une influence que chez les femmes. Cet effet bénéfique de la DHEA sur les femmes est confirmé par deux autres études ayant montré que  la DHEA (50 mg par jour pendant un mois)  pourrait améliorer la vue et la mémoire chez les femmes d’âge moyen et âgées.

* Dans cette étude, les niveaux sanguins de DHEAS ont été mesurés chez 295 femmes âgées de 21 à 77 ans et n’ayant aucune atteinte cognitive. Elle ont subi en parallèle une batterie de tests évaluant différents aspects de leur fonction cognitive.

Longévité

Deux études récentes soulignent le lien existant entre le DHEA-S et la longévité. Dans la première étude, des chercheurs ont observé que les niveaux sanguins de DHEA-S étaient significativement plus élevés chez un groupe d’habitants japonais vivant plus longtemps (âge moyen = 80,4 ans), comparés à ceux provenant d’un groupe contrôle ayant une longévité normale (âge moyen = 77,6). Dans la deuxième étude prospective portant sur 940 participants suivis pendant 27 ans, les chercheurs japonais ont constaté que la baisse des niveaux de DHEA-S était corrélée avec une baisse de la longévité, uniquement chez les hommes.

Système immunitaire

Il est possible que la DHEA protège le système immunitaire. C’est une hypohèse émise notamment par un groupe de chercheurs texans. Le système endocrinien, en particulier le système hypothalamo-hypophysaire, joue un rôle important de modulateur de la fonction immunitaire. Il a tendance à se déréguler sous l’action du cortisol (une hormone produite par la glande surrénale, en particulier en situation du stress), entraînant une diminution des défenses immunitaires : c’est ce que l’on appelle l’immunosénescence).
La DHEA pourrait contrecarrer les effets néfastes du cortisol.

Polyarthrite rhumatoïde

La prise par voie orale de DHEA (200  mg pendant 16 semaines) ne semble pas réduire les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde chez les personnes âgées.

Précautions

La DHEA est théoriquement dans danger lorsqu’elle est utilisée pendant moins de quelques mois. De plus, un traitement à long terme à des doses supérieures à 50 mg par jour augmente le risque d’effets secondaires (acné, perte de cheveux, problèmes gastrique, hypertension).

Elle est à éviter chez les femmes enceintes ou allaitant.

La DHEA pourrait :

  • aggraver les troubles hépatiques,
  • affecter l’effet de l’insuline chez les diabétiques,
  • augmenter le risque de problèmes comportementaux chez les personnes souffrant de troubles de l’humeur,
  • réduire le bon cholestérol (HDL cholestérol).

Interactions

La DHEA est susceptible de modifier l’efficacité des médicaments suivants (liste non exhaustive): Anastrozole, Fulvestrant, Insuline, Létrozole, Tamoxifène.

Publications

Barnhart KT, Freeman E, Grisso JA, et al. The effect of dehydroepiandrosterone supplementation to symptomatic perimenopausal women on serum endocrine profiles, lipid parameters, and health-related quality of life. J Clin Endocrinol Metab 1999;84:3896-902.

Bastianetto et Quirion in Trends in Pharmacological Sciences". 18, 447-449 (1997).

Buford TW et Willoughby DS.Impact of DHEA(S) and cortisol on immune function in aging: a brief review. 1: Appl Physiol Nutr Metab. 2008 Jun;33(3):429-33.

Davis SR et al. Dehydroepiandrosterone sulfate levels are associated with more favorable cognitive function in women. J Clin Endocrinol Metab. 2008 Mar;93(3):801-8.  

Enomoto M et al. Serum Dehydroepiandrosterone Sulfate Levels Predict Longevity in Men: 27-Year Follow-Up Study in a Community-Based Cohort (Tanushimaru Study). J Am Geriatr Soc. 2008 Apr 18.

Giltay, E. J., van Schaardenburg, D., Gooren, L. J., von Blomberg, B. M., Fonk, J. C., Touw, D. J., Dijkmans, B. A. Effects of dehydroepiandrosterone administration on disease activity in patients with rheumatoid arthritis. Br J Rheumatol 1998;37(6):705-6.

Grimley Evans et al. Dehydroepiandrosterone (DHEA) supplementation for cognitive function in healthy elderly people. Cochrane Database Syst Rev. 2006 Oct 18;(4):CD006221.

Hirshman, E., Wells, E., Wierman, M. E., Anderson, B., Butler, A., Senholzi, M., Fisher, J. The effect of dehydroepiandrosterone (DHEA) on recognition memory decision processes and discrimination in postmenopausal women. Psychon Bull Rev 2003;10(1):125-34.

Huppert, F. A., Van Niekerk, J. K. Dehydroepiandrosterone (DHEA) supplementation for cognitive function (Cochrane Review). Cochrane Database (Issue 2) 2001;2:CD000304.

Matsumoto M. et al. Geriatrics &Gerontology International 7, 352–356, Dec. 2007.

Merritt, P., Stangl, B., Hirshman, E., Verbalis, J. Administration of dehydroepiandrosterone (DHEA) increases serum levels of androgens and estrogens but does not enhance short-term memory in post-menopausal women. Brain Res 11-5-2012;1483:54-62.

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Schmidt, P. J., Daly, R. C., Bloch, M., Smith, M. J., Danaceau, M. A., St Clair, L. S., Murphy, J. H., Haq, N., Rubinow, D. R. Dehydroepiandrosterone monotherapy in midlife-onset major and minor depression. Arch Gen Psychiatry 2005;62(2):154-62. 

Stangl, B., Hirshman, E., and Verbalis, J. Administration of dehydroepiandrosterone (DHEA) enhances visual-spatial performance in postmenopausal women. Behav Neurosci 2011;125(5):742-52.

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