Dépression : un traitement préventif diminue le risque

Thérapies

Un traitement préventif effectué chez des individus avec des symptômes de dépression situés sous le seuil réduit de moitié le risque de survenue de ces troubles dépressifs.

La dépression et les troubles anxieux sont des affections très fréquentes et difficiles à traiter chez les personnes âgées, avec forte morbidité et mortalité. Compte-tenu des capacités limitées des soins de santé, des stratégies préventives seraient idoines.

Une étude randomisée, contrôlée a été réalisée dans le but de tester l’efficacité d’un traitement préventif des troubles anxieux et de la dépression chez des personnes âgées situées à la limite présentant une dépression subclinique (dépression d’intensité très légère, situées sous le seuil du diagnostic).

170 personnes âgées en moyenne de 81 ans ont été sélectionnées et invitées à compléter tous les trois mois le questionnaire d’une échelle de dépression et d’anxiété appelée Center for Epidemiologic Studies Depression Scale et comportant 20 items. Une personne ayant un score supérieur à 16 sur 60 souffre de dépression majeure (sensibilité du test = 100%), de dysthymie et/ou de troubles anxieux (sensibilité du test = 40%). Cette échelle permet de sélectionner des individus avec des troubles dépressifs mais qui n’atteignent pas les critères de diagnostic d’un trouble dépressif majeur.

Les personnes sélectionnées sont celles ayant un score d’au moins 16 sur 60 mais ne présentant pas tous les critères pour le diagnostic des troubles d’anxiété ou de dépression. Lorsque le score était supérieur à 16 sur 60 (reflet d’un état dépressif), le patient était pris en charge.

Cette prise en charge comprenait une visite à domicile, des contacts téléphoniques par des infirmières, une thérapie comportementale cognitive avec des sessions d’apprentissage d’aptitudes à la résolution de problèmes, et éventuellement un traitement avec un antidépresseur (sur avis d’un médecin). L’efficacité de ce traitement (groupe intervention) était comparée avec celle d’un traitement classique suivi par 84 patients formant le groupe contrôle.

L’incidence cumulée à 12 mois des troubles anxieux (trouble panique, agoraphobie, phobie sociale, trouble anxieux généralisé) ou de dépression (critères DSM-IV) était calculée au bout d’un an.

Résultats

L’incidence de dépression ou de troubles anxieux était respectivement de 11,6% dans le groupe intervention versus 23,8% dans le groupe contrôle au bout de 12 mois.

Ce traitement préventif peut réduire de 50% le risque de dépression

Les auteurs concluent qu’un traitement préventif effectué chez des individus dépressifs situés sous le seuil d’un diagnostic de dépression réduit de moitié le risque de survenue de ces troubles dépressifs ou anxieux importants.

Cette étude confirme les résultats d’une méta-analyse ayant montré qu’une prévention ciblée diminue (-25%) l’incidence de dépression chez des personnes présentant une dépression subclinique.

Critiques de l’étude

La durée de l’étude (12 mois), bien que longue, ne permet pas de déterminer si le traitement empêche définitivement l’apparition de ces troubles ou s’il les retarde. L’efficacité de chacune des différentes étapes du programme d’intervention n’est pas non plus évaluée.

Cette étude n’évalue pas le rapport coût-bénéfice des séances de thérapies comportementales cognitives. Des séances d’apprentissages réalisées en groupe avec des soignants spécialement formés seraient probablement plus accessibles dans la pratique étant donné de l’accès limité aux soins.

Certains équipes remettent en doute l’efficacité d’un traitement préventif du fait que celui-ci n’est pas accepté par tous les patients. Ceci est corroboré par le nombre important de sorties d’étude dans le groupe intervention mais aussi par le refus de participer à des séances de thérapie basée sur la résolution de problème.

Publications

Van’t Veer-Tazelaar PJ, van Marwijk HW, van Oppen P, et al. Stepped-care prevention of anxiety and depression in late life. A randomized controlled trial. Arch Gen Psychiatry 2009;66:297-304.

Licht-Strunk E, van der Windt DA, van Marwijk HW, et al. The prognosis of depression in older patients in general practice and the community. A systematic review. Fam Pract 2007;24:168-180.

Beekman AT, Deeg DJ, Van Limbeek J, et al. Criterion validity of the Center for Epidemiologic Studies Depression scale (CES-D): results from a community-based sample of older subjects in the Netherlands. Psychol Med 1997;27:231-35.