Vitamines : diminuent-elles le risque de démence et d’AVC ?

Naturopathie

De nombreuses études cliniques ont essayé de déterminer si  une consommation quotidienne de vitamines – provenant de l’alimentation ou de suppléments alimentaires – diminue le risque de développer une démence (maladie d’Alzheimer, démence vasculaire) et ou d’être victime d’un accident vasculaire cérébral.

Après avoir analysé ces études –qui portent sur les vitamines A, B, C, E et l’acide folique et dont les résultats divergent parfois-, nous avons apporté une note d’appréciation pour chaque vitamine, les vitamines A, B, C, E et l’acide folique selon cinq niveaux d’appréciation : très improbable, improbable, incertain, probable ou très probable. Ces notes sont seront régulièrement mises a jour en fonction de l’avancée des études et de leurs résultats.

Les vitamines diminuent-elles le risque de démence ?

Vitamines B et l’acide folique

Les résultats d’études cliniques ont abouti à quatre observations:

  1. Les taux sanguins élevés d’homocystéine – une molécule produite par notre organisme – augmentent le risque (de 40 à 50%) de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux, et, peut-être, de troubles cognitifs chez la personne âgée.
  2. Ces taux élevés (> à 15 µmol/L) d’homocystéine sont plus fréquents chez les patients atteints de démence.
  3. Cette augmentation est en grande partie due à une carence en acide folique (< à 14 nmol/L) et vitamines B. Cette carence est d’ailleurs observée chez les patients Alzheimer.
  4. Un apport élevé en acide folique et vitamine B permet de réduire les taux d’homocystéine.

A partir de ces observations les chercheurs se sont posés la question suivante: une consommation d’acide folique et de vitamines B peut-elle être bénéfique?

Impact de la vitamine B12 dans la prévention de la maladie d’Alzheimer

Les personnes ayant de faibles niveaux de vitamine B12 seraient à risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer, selon une étude suédoise portant sur 271 personnes en santé, âgées de 65 à 79 ans, et suivis pendant 7 ans.

Les auteurs de l’étude ont suivi pendant 7 ans les sujets et ont mesuré la concentration sanguine de l’acide aminé homocystéine dont des niveaux élevés ont des effets délétères dans le cerveau et le système cardiovasculaire. Ils ont également mesuré les niveaux de vitamine B12 connue pour diminuer les niveaux d’homocystéine.

Résultats : un niveau d’homocystéine modérément supérieur à la moyenne est associé à un risque plus élevé de 16 % de développer la maladie d’Alzheimer, alors qu’un niveau de B12 légèrement supérieur à la moyenne correspondait à un risque plus faible de 2 %.

Les personnes âgées souffrent souvent de carence en vitamine B12, que l’on retrouve dans les viandes, les poissons, le lait, les œufs et certains légumes verts.

Une étude précédente publiée dans PLOS One (Public Library of Science One) démontrait que des doses élevées de compléments de vitamines B (B6, B9 et B12) réduisaient de 30 à 50% l’atrophie cérébrale chez les personnes atteintes de déficit cognitif léger, et retarderaient ainsi l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Source: Hooshmand B et al. Homocysteine and holotranscobalamin and the risk of Alzheimer disease: a longitudinal study. Neurology. 2010 Oct 19;75(16):1408-14.



Vitamine E

Les effets bénéfiques de la vitamine E se manifestent seulement (surtout sinon exclusivement) si elle provient de la nourriture (son effet protecteur sous la forme de suppléments est hypothétique). La dose quotidienne efficace relevée avoisine celle de la dose quotidienne recommandée, soit 15mg/jour(22IU/jour). Selon les études épidémiologiques, la vitamine E réduit de 30 à 70% le risque de développer une maladie d’Alzheimer et de plus de deux tiers le risque de démence vasculaire.

La vitamine E –contrairement aux vitamines A et C- semble freiner le déclin cognitif chez les personnes âgées et ce, quelle que soit sa source avec toutefois un apport minimal de 170 mg/jour (alimentation + suppléments) ou 18mg/jour (alimentation seulement).

Enfin, la vitamine E (au taux de 10 mg/jour) semble diminuer (de 30%) le risque de développer une maladie de Parkinson, alors que la vitamine C et la vitamine A sont inefficaces à cet égard.

Vous pouvez consulter notre article sur la vitamine E

Vitamine D

L’étude appelée Osteoporotic Fractures in Men Study a pour but de faire le lien entre le niveau sanguin de vitamine D et la performance cognitive. 1500 hommes ont participé à cette étude et ont été suivis pendant environ 5 ans.

Résultats: les hommes qui avaient les niveaux les plus bas de vitamine D avaient un risque accru de trouble cognitif, par rapport à ceux qui ont les niveaux les plus élevés. Ce risque augmente de +66% à 84% selon que la performance cognitive à été évaluée par le test des tracés ou le mini-examen de l’état mental. Cependant, cette augmentation n’est pas significative.

Une seconde étude (appelée Epidémiologie de l’Ostéoporose ou EPIDOS) publiée la même année indique que les femmes âgées de 75 ans ou plus ayant un déficit marqué en vitamine D (niveau inférieur à 10 ng/mL) ont un risque plus important (+99%) de trouble cognitif, évalué par le test Pfeiffer Short Portable Mental State Questionnaire.

Une troisième étude a comparé les niveaux sanguins de vitamine D chez 318 participants (âge moyen de 73,5 ans) avec la présence d’une démence. Les résultats démontrent qu’un niveau de vitamine D très inférieur à la normale (< 10 ng/mL) est présent chez 14,5% des sujets, alors qu’un niveau inférieur à la normale (< 30 ng/mL mais supérieure à 10 ng/mL) se retrouve chez près de la moitié des participants. Les 76 participants (23,9%) souffrant de démence ont en moyenne des niveaux de vitamine D significativement plus faibles que ceux des participants sains (respectivement 16,8 et 20,0 ng/mL).

La fréquence des démences est supérieure chez les individus ayant des niveaux de vitamine D inférieurs à 20 ng/mL, comparée à ceux présentant des niveaux plus élevés (30,5% vs 14,5%), ce qui représente un risque accru de démence de 130%. De plus, un déficit en vitamine D est associé à une plus grande fréquence de mini-infarctus cérébraux (10,1% vs 6,9%) et à une augmentation (+100%) du risque d’accidents vasculaires cérébraux.

Les auteurs émettent l’hypothèse qu’un apport en vitamine D réduit le risque de maladies neurodégénératives (démence, AVC) chez les personnes âgées présentant un déficit en vitamine D.

Les vitamines diminuent-elles le risque le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Acide folique et vitamines C et E

Il semble que ces vitamines soient efficaces lorsqu’elles proviennent de la nourriture (l’effet de suppléments alimentaires est peu probable). Le risque d’être victime d’un AVC est diminué de 30 à 70% et cette baisse se manifeste surtout chez les personnes à risque (hypertendus, fumeurs, diabétique). Les doses efficaces rapportées sont :

  • de 140 à 300 mg par jour pour la vitamine C
  • 800 µg par jour pour l’acide folique (l’acide folique semble un peu moins efficace à la dose de 400 µg par jour) 

Les vitamines améliorent-elles l’état des patients Alzheimer ?

Vitamine E

L’efficacité de la vitamine E (doses = 1000 à 2,000 IU/jour) sur les performances cognitives des patients Alzheimer est minime, bien que significative. La vitamine E est parfois combinée avec un médicament anti-Alzheimer (i.e. Reminyl, Aricept, exelon) alors qu’aucune étude clinique n’ait démontrée l’efficacité de cette combinaison.

Deux études randomisées avec placebo ont examiné le rôle de la vitamine E dans le traitement du déficit cognitif léger (DCL) ou de la maladie d’Alzheimer. Dans la première, les résultats indiquent qu’un traitement avec la vitamine E (2000 IU par an pendant 3 ans) n’empêche pas les patients souffrant de DCL de développer une maladie d’Alzheimer (pour rappel, 15% des patients DCL sont diagnostiqués Alzheimer par an). De plus le status cognitif de ces patients ne se trouvent pas améliorés (Petersen et al., 2005).

Concernant la deuxième étude, les auteurs concluent que la vitamine E (2000 IU/jour pendant deux ans) ralentit la progression de la maladie d’Alzheimer, bien que l’impact sur le déclin cognitif ne soit pas significatif (Sano et al., 1997).

Les vitamines C et E ralentissent-elles le déclin cognitif chez les personnes âgées ?

Les études longitudinales portant sur l’efficacité des vitamine C et E sur les fonctions cognitives des personnes âgées ont rapporté des résultats ambigus. Une étude de cohorte à montré qu’un apport en vitamine C provenant de l’alimentation présente un effet protecteur significatif sur le déclin cognitif, alors que deux autres études indiquent l’existence d’une association entre un ralentissement du déclin cognitif et une consommation de vitamines C et E provenant de suppléments alimentaires. (En revanche, une supplémentation en vitamine C seule n’aurait aucun effet bénéfique)

Trois études contrôlées et randomisées ont évalué l’efficacité des vitamines C (250 à 500 mg/jour) et E (600 à 900 IU/jour) sur le déclin cognitif de personnes âgées cognitivement intactes. Aucun effet bénéfique n’a été rapporté sur la performance cognitive des participants après 5 à 7 ans de traitement (rappelons que ces participants n’avaient aucun déficit cognitif). Dans la troisième et dernière étude, les auteurs concluent que la supplémentation en vitamine E ne ralentit pas le déclin cognitif.

Publications

Slinin Y et al. 25-Hydroxyvitamin D levels and cognitive performance and decline in elderly men. Neurology 2010;74:33–41.

Annweiler C et al. Association of vitamin D deficiency with cognitive impairment in older women. Neurology 2010;74:27–32.

Buell JS et al. 25-Hydroxyvitamin D, dementia, and cerebrovascular pathology in elders receiving home services. Neurology 2010;74:18–26.

Petersen R et al. Vitamin E and donepezil for the treatment of mild cognitive impairment. N Engl J Med 2005;352:2379-88.

Sano M et al. A controlled trial of selegiline, alpha-tocopherol, or both as treatment for Alzheimer’s disease. The Alzheimer’s Disease Cooperative Study. N Engl J Med. 1997 Apr 24;336(17):1216-22.