Échelle de Bradford (comportement alimentaire)

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L’échelle de Bradford permet de déceler les troubles du comportement alimentaire dans la démence.

Le comportement alimentaire peut changer au cours du vieillissement en raison de changements physiologiques, psychologiques et sociaux. Les modifications peuvent intervenir à différents niveaux : (1) dans le choix des aliments, (2) dans les habitudes alimentaires et (3) dans l’apport alimentaire.

Un bon comportement alimentaire, comme le modèle alimentaire méditerranéen, peut être un facteur de protection contre certaines pathologies liées au vieillissement, comme la démence, tandis qu’un comportement alimentaire moins bon peut conduire à des conditions pathologiques telles que la malnutrition.

Les changements de comportement alimentaire peuvent également être liés à l’apparition de la démence : pour certains types de démence, comme la démence frontotemporale, les changements alimentaires sont l’une des principales caractéristiques diagnostiques cliniques, tandis que pour d’autres, comme la maladie d’Alzheimer, la perte de poids est une caractéristique clinique signalée.

La  maladie d’Alzheimer est une maladie non seulement caractérisée par des troubles cognitifs (mémoire, orientation , difficultés d’abstraction) mais aussi par des troubles nutritionnels (perte de poids, déficits en vitamines, troubles du comportement alimentaire) qui aggravent la santé des patients. Elle affecte environ un tiers des sujets vivant à domicile ou en institution.

Plusieurs études ont rapporté un amaigrissement chez les personnes âgées atteintes de démence. Il peut même précéder le diagnostic de démence. Les mécanismes impliqués dans la perte de poids sont multiples et encore mal connus :
• perte d’autonomie pour s’alimenter.
• Augmentation des besoins énergétiques liée à l’agitation, au stress et aux déambulations.
• Atrophie du cortex mésial temporal impliqué dans le comportement alimentaire.
• Dysfonctionnement de l’hypothalamus, région du système limbique intervenant dans la régulation de la prise alimentaire.
• Perturbations biologiques.

Une surveillance régulière du poids du patient ou l’utilisation d`une échelle appropriée (voir notre article évaluation de l’état nutritionnel dans la section tests d’évaluation).

Il existe deux échelles permettant d’évaluer les troubles du comportement alimentaire : l’échelle de Bradford et le Eating Behavior Scale.

Echelle de Bradford

Cette échelle permet d’identifier plusieurs groupes de troubles du comportement alimentaire qui demandent à être corrigés. Le soignant répond par oui ou par non aux items suivants.

Elle définit plusieurs groupes de troubles :
• les comportements actifs de résistance.
• La dyspraxie buccale (par ex. jouer avec la nourriture, utiliser les doigts à la place des couverts, manger des choses non comestibles) reflètent une perte de coordination neuromusculaire de la phase oropharyngée de la déglutition.
• Les comportements sélectifs (ex: refuser de manger certaines choses).
• La dysphagie oropharyngienne (ex. fermer la bouche) regroupant toutes les incoordinations neuromusculaires des mouvements masticatoires et de la déglutition. Le patient ne sait plus manger c’est à dire ouvrir la bouche, mastiquer, déglutir. Elle n’apparaît qu’en fin de maladie. 

Les comportements sélectifs (ex: refuser de manger certaines choses), de résistance (ex: repousser la nourriture), et certaines dyspraxies pourraient être attribués à divers troubles (anorexie, anxiété, nervosité, troubles de l’attention). 
Les comportements alimentaires aversifs augmentent en fréquence dans le temps, les dyspraxies augmentent avec la sévérité des troubles fonctionnels et la proximité de la mort alors que les comportements de résistance diminuent.

Eating Behaviour Scale

Cette échelle permet de mesurer la capacité fonctionnelle des patients durant les repas. Il est composé de 6 items: commencement du repas, maintien de l’attention, localisation de la nourriture, utilisation correcte des couverts, sécurité (fausses routes) et fin de repas. Le score est corrélé négativement à la durée du repas et positivement à celui du test du mini-examen de l’état mental (MMSE). Le soignant répond par oui ou par non aux items.

Sources

Blandford G et alii (1998) Assessing abnormal feeding behavior in dementia: a taxonomy and initial finding. In: Vellas B,

Rivière S, Fitten J, ed. Weight loss & eating behaviour in Alzheimer’s patients. Research and practice in Alzheimer disease. Paris: SERDI, 47-64. 

Tully MW et alii (1997)The Eating Behavior Scale. A simple method of assessing functional ability in patients with Alzheimer’s disease. J Gerontol Nurs. 23:9-15.