Neuromedia

Un régime riche en sel pourrait entraîner une démence

Un régime riche en sel peut favoriser le déclin cognitif en déstabilisant les niveaux de protéine tau. Des niveaux excessifs de tau sont une caractéristique de la démence.

Une consommation excessive de sel, provenant d’aliments transformés, peut augmenter le risque de démence.

Éviter une consommation excessive de sel pourrait empêcher la démence. Comme l’expliquent le Dr Faraco et son équipe (Mind Research Institute à New York) dans leur article paru dans Nature Neuroscience, une consommation excessive de sel a toujours été associée à une mauvaise santé vasculaire (hypertension) et une consommation élevée de sel est un facteur de risque indépendant et bien établi de démence.

Comment un excès de sel peut-il déclencher une démence?

Dans une étude précédente, les chercheurs ont découvert qu’un régime riche en sodium conduit à la démence chez la souris en déclenchant la surproduction d’une molécule qui favorise l’inflammation.

Dans cette étude chez la souris, un régime riche en sel a déclenché des niveaux élevés de cytokines appelées interleukine-17 (IL-17), qui à leur tour, ont abaissé les niveaux d’oxyde nitrique et réduit le flux sanguin de 25%.

L’oxyde nitrique a pour rôle d’aider les vaisseaux sanguins à s’élargir, ce qui permet au sang de circuler. Cependant, des niveaux insuffisants d’oxyde nitrique peuvent entraîner une restriction du flux sanguin.

S’appuyant sur ces recherches antérieures, le Dr Faraco et son équipe ont émis l’hypothèse dans la nouvelle étude que des niveaux élevés de sodium provoqueraient la démence en limitant le flux sanguin vers le cerveau, un effet dû par un faible oxyde nitrique.

Cependant, les expériences ont révélé quelque chose d’inattendu.

La protéine Tau : le lien entre sel et démence

Les chercheurs ont nourri des souris mâles et femelles âgées de 8 semaines soit par un régime régulier soit par un régime enrichi en sodium pendant 4 à 36 semaines.

Les scientifiques ont effectué des études comportementales qui ont révélé que les faibles niveaux d’oxyde nitrique induits par un régime riche en sel affectaient les niveaux de protéine tau dans le cerveau.

Une accumulation excessive de tau est une caractéristique de la maladie d’Alzheimer. La protéine tau soutient les neurones en stabilisant les structures appelées microtubules, qui transportent les nutriments vers les axones et les dendrites des neurones. Ils font partie du cytosquelette, « une sorte d’échafaudage», qui soutient les neurones.

Lorsque la protéine Tau devient instable et se détache du cytosquelette, il finit par errer librement à l’intérieur du neurone, s’accumule dans le cerveau, ce qui entraîne la mort des neurones et, en parallèle, des difficultés cognitives.

Dans l’étude, les scientifiques ont découvert que l’oxyde nitrique « freine l’activité causée par une série d’enzymes qui conduisent à une production anormale de tau ».

Ainsi, pour étudier d’avantage le lien entre l’oxyde nitrique, la protéine tau et les troubles cognitifs, les scientifiques ont combiné le régime riche en sel et la circulation sanguine restreinte avec un anticorps qui contrôlait les protéines tau.

Grâce à cet anticorps, ces souris ont présenté un fonctionnement cognitif normal, malgré une circulation sanguine limitée. « Cela a démontré que la cause réelle de la démence était la protéine tau et non le manque de circulation sanguine », explique le Dr Iadecola.

Nous devons contrôler notre sel

Comme l’écrivent les chercheurs, « Ces résultats identifient un lien de cause à effet entre le sel provenant de l’alimentation  et la démence liée à la protéine tau. »

En outre, «éviter la consommation excessive de sel et le maintien de la santé vasculaire peuvent aider à combattre les maladies vasculaires et neurodégénératives», concluent les auteurs.

Le Dr Iadecola met en garde contre les dangers des régimes riches en sel, suggérant que les découvertes chez les rongeurs sont un bon indicateurs des risques qu’encourent les humains s’ils consomment trop de sodium.

« Les choses qui sont mauvaises pour nous ne viennent pas d’une salière, mais d’aliments transformés. Nous devons contrôler notre consommation de sel. Il peut altérer les vaisseaux sanguins du cerveau et le faire de manière vicieuse. », conclut le Dr. Costantino Iadecola.