Le cerveau et la motivation

Sciences

Les régions du cerveau associées à la motivation incluent le cortex préfrontal qui est connecté au système limbique, ainsi que des structures cérébrales impliquées dans la motricité.

La partie préfrontale du cerveau joue un rôle important dans la motivation

Le lobe frontal, en particulier le cortex préfrontal, est la partie du cerveau jouant un rôle prépondérant dans la motivation et la prise de décision.

La motivation est liée à l’émotion et aux fonctions. La démotivation et la perte de décision renvoient quant à elle à une baisse de l’activité du cortex frontal, qui accompagne souvent le vieillissement cérébral.

Le lobe frontal a justement cette fonction de faire le lien entre l’émotion et la prise de décision, l’objet et le désir. Il existe comme un cercle vicieux entre démotivation, dépression, difficultés exécutives, source de perte d’emprise par la personne âgée, et donc de dépendance.

Une étude parue dans Nature neuroscience en 2009 indique que les facteurs de motivation activent spécifiquement certaines zones du cortex préfrontal et modulent l’influence relative des différents facteurs cognitifs intervenant dans le processus de décision. Faire ses courses, régler ses affaires sont des tâches impliquant une prise de décision.

Pour cela, le cerveau organise deux types de pensées : les connaissances et les motivations propres à chaque individu. Tous ces facteurs sont contrôlés au niveau du cortex préfrontal.

Les patients qui présentent une lésion à ce niveau ont par exemple des problèmes à planifier leur vie quotidienne alors que leur mémoire est intacte.

Le cortex préfrontal est divisé en plusieurs zones. La partie latérale est impliquée dans le contrôle cognitif de la décision en adaptant le choix de l’action au contexte dans lequel la personne évolue. La partie médiane est impliquée dans la motivation d’une personne à effectuer ou non l’action en question.

Les auteurs d’une étude parue dans Nature neuroscience connaissaient déjà le fonctionnement de la partie cognitive mais ils ne savaient pas comment les motivations influaient sur l’activité de la zone médiane et comment cette activité était intégrée aux processus de décision dans la partie latérale.

Pour le savoir, les auteurs ont imaginé un système de motivation financière pouvant influer sur la réalisation de tâches demandées à plusieurs personnes. Ils ont enregistré en parallèle leur activité cérébrale par IRM (imagerie par résonance magnétique). Ces personnes voyaient défiler des séries de lettres. En fonction de leurs couleurs, elles devaient appuyer sur des boutons différents. Pour chaque série réussie, la personne gagnait de l’argent mais pouvait également en perdre en cas d’échec. Certaines séries pouvaient rapporter ou faire perdre de 5 à 200 % de plus que d’autres. Les résultats montrent que plus l’enjeu financier est important, et donc plus la motivation est grande, plus les personnes réfléchissent longtemps avant chaque décision.

En imagerie, cela s’est traduit d’une part, par l’augmentation de l’activité neuronale au niveau du cortex préfrontal médian et d’autre part, par une modulation de l’activation de la zone préfrontale latérale, responsable du contrôle cognitif, et des connections entre ces deux zones du cerveau. Ces activations observées dans le cerveau prouvent que les facteurs de motivation interagissent avec les facteurs cognitifs lors de la prise de décision.

Selon l’auteur principal (Etienne Koechlin) de cette étude,

Ces résultats montrent que la motivation influence la prise de décision dans le cortex préfrontal de façon subtile. Le facteur motivationnel entre en jeu en modulant l’importance de chacune des décisions intermédiaires qui mènent au choix final. Cette étude ouvre des perspectives intéressantes dans l’étude des troubles du cerveau caractérisés par une absence de motivation à réaliser certaines tâches ou activités, notamment les troubles dépressifs.

Les noyaux amygdaliens

Ils sont en connexion plus particulièrement avec le cortex préfrontal, la formation hippocampique, le striatum ventral et des structures végétatives (hypothalamus, noyaux autonomes du tronc cérébral).

Le cortex cingulaire antérieur

Les données chez l’homme montrent que le cortex cingulaire antérieur (CCA) est impliqué dans la régulation de l’action volontaire, la cognition sociale, les émotions et le contrôle viscéro-moteur. Le CCA est donc plus particulièrement concerné dans l’apathie.

Le striatum ventral et les régions limbiques des ganglions de la base

Ces structures sont en relation avec les autres structures limbiques tels que les noyaux amygdaliens, l’hippocampe et surtout le cortex préfrontal occulomoteur avec lequel il forme une boucle fonctionnelle.

Le circuit selon Drevets

Le cortex pré-frontal est dans une boucle qui comprend le système limbique – une partie du cerveau impliquée dans l’émotion – , le noyau caudé et le putamen (structures cérébrales impliquées dans la motricité), selon un circuit cortico-striato-pallido-thalamo-cortical, décrit par Drevets. Il joue un rôle dans l’initiation des actes et participe à la motivation, ainsi qu’à l’exécution normale des programmes moteurs.

Le circuit selon Habib

Le système striato-pallidal selon Habib intègre la boucle limbique de la motivation mais fait aussi intervenir une boucle motrice et des liens avec l’amygdale et l’aire tegmentale ventrale, c’est-à-dire des aires qui impliquent la mémoire et le système dopaminergique. Le schéma de Habib fait intervenir la composante motrice du cerveau dans la motivation.

Le circuit selon Alexander et Cummings

Ces chercheurs mettent en avant le rôle joué par les cortex frontal, orbito-frontal et cingulaire antérieur dans le syndrome dysexécutif (c’est-à-dire une atteinte des fonctions exécutives), dépressif ou motivationnel.

En conclusion, le cortex préfrontal joue un rôle central dans ce réseau quand le comportement motivé est volontaire, non impulsif et conscient. Dans ce cas, l’interaction avec le cortex préfrontal dorsolatéral permet d’intégrer à l’action planifiée son contexte affectif.

En amont, l’amygdale joue un rôle essentiel quand il s’agit d’activer un comportement motivé réflexif plus élémentaire, reposant sur des associations invariantes.

Le striatum ventral, en relation avec le cortex préfrontal et l’amygdale, apparaît dans le prolongement fonctionnel de ces deux structures.