Il faut pratiquer une activité mentale au moins une à deux fois par semaine pour prévenir les troubles de mémoire.
L’efficacité des activités dépend de la santé mentale de la personne âgée
En 2010, des chercheurs avaient déjà émis l’hypothèse que de fréquentes activités cognitives réduisent le risque de déclin cognitif, sans pour autant stopper la neurodégénérescence observée dans la maladie d’Alzheimer : l’effet protecteur des activités cognitives serait ainsi perdu chez les patients Alzheimer.
En effet, une fois le diagnostic de démence posé, les problèmes cognitifs s’accélèrent chez la personne âgée active1. En d’autres termes, les personnes ayant un haut niveau d’activité cognitive (ex. personnes exerçant un métier intellectuel) pourrait avoir, une fois la maladie installée, une pathologie d’intensité plus grave que les personnes ayant un bas niveau d’activités cognitives.
Ainsi la période de vie avec » démence » serait raccourcie, du fait que l’installation de la démence serait différée et que sa progression serait plus rapide. Des chercheurs du Rush Alzheimer’s disease Center de Chicago ont suivi durant plusieurs années de 1000 individus sains (au début de l’étude).
Ils ont évalué la fréquence avec laquelle ils pratiquaient des activités cognitives dites stimulantes (regarder la télévision, écouter la radio, lire des journaux, lire des magazines, lire des livres, jouer à des jeux de cartes, des mots croisés, aux échecs, aller au musée, etc.).
La pratique de ces activités était cotée sur une échelle à 5 niveaux : chaque jour ou presque, plusieurs fois par semaine, plusieurs fois par mois, plusieurs fois par an, une fois par an ou moins.
A la fin de l’étude, les participants ont été classés comme n’ayant pas de trouble cognitif (614 personnes), ayant un déficit cognitif léger ou DCL (395 personnes) ou ayant une maladie d’Alzheimer (148 personnes). Une fois le diagnostic posé, ils ont à nouveau été suivis à des intervalles de 3 ans durant une période moyenne de 6 ans environ, à l’aide d’une batterie de 4 tests cognitifs (rappel de récit, association chiffre/symbole, vitesse perceptive et mini-examen de l’état mental).
Résultats. Chez les personnes sans trouble cognitif, le déclin cognitif est réduit de moitié pour chaque point supplémentaire à l’échelle d’évaluation de la fréquence des activités cognitives. En d’autres termes, la pratique d’activité cognitive stimulante ralentit de manière proportionnelle le déclin cognitif.
Chez les personnes avec un DCL, la pente de déclin cognitif n’est pas reliée à la fréquence des activités cognitives. Par contre, chez les 148 patients chez qui une maladie d’Alzheimer a été posée, le taux moyen annuel de déclin cognitif augmente de 42% pour chaque point supplémentaire à l’échelle d’évaluation de la fréquence des activités cognitives. Autrement dit, le déclin cognitif est plus rapide chez ceux ayant l’activité cognitive la plus élevée.
Conclusion. Cette étude confirme que l’activité intellectuelle retarde le déclin cognitif chez les personnes âgées en bonne santé mentale, mais l’aggrave chez les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer.
En se basant sur ces résultats, les chercheurs prédisent que le vieillissement de la population conduira à une augmentation du nombre de personnes souffrant de troubles cognitifs sévères, et cela, malgré des programmes de prévention.
De plus, ce déclin plus rapide pourrait recevoir d’autres types d’interprétation (autre que celle d’une interprétation neuropathologique), en prenant en compte des facteurs psychologiques.
Ainsi, par exemple, il se pourrait que les personnes ayant un niveau élevé d’activités cognitives réagissent particulièrement mal à la survenue de difficultés cognitives, ainsi qu’à leur impact sur la réalisation des activités cognitives, ayant pour conséquence l’apparition de symptômes dépressifs (humeur dépressive, isolement, image négative de soi, manque de motivation, etc.) contribuent à l’aggravation plus rapide du déclin cognitif.
Sources Source : Ronald Petersen, Journal de l’American Medical Association, janvier 2017 Wilson RS et al. Cognitive activity and the cognitive morbidity of Alzheimer disease. Neurology. 2010 Sep 14;75(11):990-6.
1 Un chercheur américain du Columbia University Medical Center a interprété cette observation comme un élément » positif « , en considérant que » Ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir plus de bonnes années à vivre et moins de mauvaises ! » .
2 Les activités stimulantes incluent le fait de regarder fréquemment la télévision, d’écouter la radio, de lire le journal, de faire des mots croisés, de jouer aux cartes, aller au musée. Le fait de classer ces activités comme stimulantes a été critiqué par certains chercheurs qui les considèrent comme pouvant être routinières, automatiques. Ainsi, il a été montré que le fait de regarder la télévision était associé à un risque accru de déclin cognitif. De plus, les facteurs confondants (en particulier le niveau socioculturel et socioéconomique) pouvant rendre compte de cette association entre activités cognitives et risque retardé de développement de problèmes cognitifs, étaient peu détaillés et concernaient essentiellement le statut socioéconomique du début de la vie, et non tout au long de la vie.
Pourquoi les grand-parents doivent retourner aux études
Le retour aux études pourrait aider à se protéger de la démence. Prendre des cours peut en effet stimuler les fonctions cérébrales, telles que la mémoire, la prise de décision et la planification, confirmant qu’une bonne hygiène de vie – activité physique, jeux, activité sociale – peuvent aider à ralentir le déclin cognitif lié à l’âge.
« Les résultats de l’étude sont passionnants, car ils démontrent qu’il est jamais trop tard pour prendre des mesures afin de mettre à profil la capacité cognitive de notre cerveau », déclare le chercheur principal (Université de Tasmanie, Australie).
Cependant, l’étude n’a pas été conçue pour montrer une relation de cause à effet entre des études tardives et un risque réduit de démence. L’étude a inclus plus de 350 adultes en bonne santé (c’est-à-dire sans démence), âgés entre 50 et 79 ans.
Les participants ont subi plusieurs tests cognitifs avant de commencer des cours à l’Université de Tasmanie. Les chercheurs ont ensuite suivi les « étudiants » pendant trois ans.
À la fin de l’étude, 92% des participants qui se sont inscrits à des cours collégiaux avaient des fonctions cérébrales plus efficaces (notamment mémoire et planification), contre seulement 56% chez le groupe contrôle qui n’avait pas suivi de cours.
Les cours les participants couvraient un large éventail de disciplines : histoire, psychologie, philosophie, art… Bien que certains de ces étudiants particuliers aient suivi des cours en ligne, les chercheurs soulignent que d’être sur le campus est probablement plus avantageux puisque les participants bénéficient de nouveaux liens sociaux.
Source : Megan E. Lenehan et coll. Sending Your Grandparents to University Increases Cognitive Reserve: The Tasmanian Healthy Brain Project. Neuropsychology, novembre 2015.