Anosognosie

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L’anosognosie est un trouble neuropsychologique se définissant par une méconnaissance par l’individu de sa maladie ou de la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint. C’est un terme issu de grec qui associe nosos (maladie) et gnosie (connaissance), décrit par Babinski en 1914.

Il a été associé dans les années 1980 à la démence en général et à la maladie d’Alzheimer en particulier. Dans ce cas, l’anosognosie est l’incapacité à reconnaître la présence d’un déficit ou à apprécier sa sévérité.

L’anosognosie est donc fréquente chez les patients souffrant de maladie d’Alzheimer ou d’autres types de démences.

Elle est une cause de difficulté de prise en charge et d’augmentation du fardeau de l’aidant.

Elle se traduit surtout par une perte de conscience de leur déficit aux activités instrumentales de la vie quotidienne, aux troubles dépressifs et aux troubles du comportement (hallucinations, idées délirantes).

Les patients avec une anosognosie sont plus souvent apathiques.

Anosognosie : un signe avant-coureur de la maladie d’Alzheimer ?

Les patients qui ne se rendent pas compte qu’ils ont des problèmes de mémoire risquent davantage de voir leur état s’aggraver dans un court laps de temps, et de développer la maladie d’Alzheimer.

Certaines affections cérébrales peuvent interférer avec la capacité du patient à comprendre qu’il a un problème de santé, un trouble neurologique connu sous le nom d’anosognosie souvent associée à la maladie d’Alzheimer.

Dans une étude publiée par une équipe canadienne (Université de McGill), les personnes qui ne se rendent pas compte de leur affection présentent une probabilité presque triple de développer une démence dans les deux ans.

L’anosognosie serait donc un nouveau signe précurseur identifié de la maladie d’Alzheimer.

Alzheimer : quels sont les signes précurseurs ?

Les chercheurs ont analysé 450 patients qui présentent de légers déficits de mémoire, mais qui étaient encore capables de prendre soin d’eux-mêmes.

Les chercheurs leur ont demandé ainsi qu’à leurs proches d’évaluer leurs capacités cognitives.

Lorsqu’un patient a déclaré n’avoir aucun problème cognitif mais que le membre de la famille a signalé des difficultés importantes, le patient était considéré comme n’étant pas conscient de son état.

Les chercheurs ont ensuite comparé le groupe anosognosie à ceux qui ne présentaient aucun problème de conscience et ont découvert que le 1er groupe présentait une altération de la fonction métabolique cérébrale (les neurones sont moins actifs) et une augmentation des dépôts amyloïdes.

Un suivi réalisé deux ans plus tard a montré que les patients qui ignoraient leurs problèmes de mémoire étaient plus susceptibles d’avoir développé une démence, même en tenant compte d’autres facteurs tels que le risque génétique, l’âge, le sexe et l’éducation.

L’augmentation de la progression vers la démence coïncide avec une baisse du métabolisme cérébral dans les régions touchées dans la maladie d’Alzheimer (en particulier l’hippocampe).

Cette découverte souligne l’importance de consulter les membres de la famille proche du patient lors des visites médicales.

«Cela a des applications pratiques pour les cliniciens: les personnes souffrant de troubles légers de la mémoire devraient avoir une évaluation qui tient compte des informations recueillies auprès d’informateurs fiables, tels que des membres de la famille ou des amis proches», explique le Dr Serge Gauthier, professeur de neurologie à l’université McGill.

Source J. Therriault et coll. Anosognosia predicts default mode network hypometabolism and clinical progression to dementia. Neurology, 2018.