L’anxiété aggrave les troubles de mémoire chez les personnes à risque

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L’anxiété  favoriserait l’effet délétère de l’amyloïde sur les fonctions cognitives.

Une nouvelle étude a montré que les personnes âgées qui avaient à la fois des niveaux élevés d’amyloïde et d’anxiété avaient des performances cognitives moins bonnes (mémoire verbale, langage), comparées à celles du même âge qui n’étaient pas anxieuses.


Rappel : la bêta-amyloïde est une protéine soluble qui est normalement éliminée chez les personnes saines. Chez les personnes atteintes d’Alzheimer, cette protéine devient insoluble et s’agglutine dans certaines parties du cerveau. La plupart des chercheurs pensent que l’accumulation de protéine amyloïde est à l’origine de la mort neuronale observée dans la maladie d’Alzheimer.

Cependant, on peut avoir des niveaux élevés d’amyloïde sans pour autant développer la maladie.


« Avoir à la fois un fort niveau d’anxiété et d’amyloïde dans le cerveau est doublement pénalisant en termes d’impact sur la cognition », déclare Robert H. Pietrzak l’auteur principal de l’étude (chercheur en neurosciences, Université de Yale, Etats-Unis).

Les résultats suggèrent qu’en réduisant l’anxiété chez les patients présentant un taux élevé de Aß, on peut retarder le déclin des fonctions cognitives. La bonne nouvelle, a déclaré le Dr Pietrzak, est que l’anxiété peut être traitée efficacement.

L’étude inclut 333 adultes âgés de 60 à 89 ans qui ont subi un examen d’imagerie cérébrale au cours duquel les niveaux de Aß étaient évalués. Environ la moitié des participants se plaignaient de manière subjective de troubles de mémoire (c’est-à-dire non validés par des tests neuropsychologiques). Environ un tiers (32,7%) des patients étaient porteurs de l’allèle ε4 de l’apolipoprotéine E (APOE), et environ un quart (25,2%) possédaient des niveaux anormalement élevés de Aß. Les chercheurs ont mené des évaluations neuropsychologiques pendant près de 6 ans.

Les effets sont particulièrement marqués sur la mémoire verbale et le langage.

L’impact des symptômes d’anxiété sur le déclin des fonctions cognitives liées à l’amyloïde est indépendant d’autres facteurs de risque, notamment l’âge, le niveau d’éducation, le QI, les facteurs de risque vasculaire, et les symptômes dépressifs.

Selon les auteurs, l’anxiété peut exercer ses effets néfastes en agissant de manière négative sur le cortex préfrontal, une partie du cerveau qui joue un rôle dans les processus cognitifs, en particulier les fonctions exécutives.

Hippocampe

Une autre explication avancée est que l’anxiété pourrait augmenter les niveaux endogènes de cortisol – l’hormone de stress qui est connue pour endommager l’hippocampe, une structure du cerveau impliquée dans la mémoire, mais aussi le cœur (l’anxiété augmente le risque de maladies cardiaques).

La recherche montre que les antidépresseurs appartenant à la classe des inhibiteurs sélectifs du recapture de la sérotonine (ISRS) pourraient améliorer la mémoire chez les patients atteints de déficit cognitif léger. Il est également prouvé que les ISRS peuvent directement abaisser les niveaux de Aß.

« Sur la base de nos résultats, nous émettons l’hypothèse que les ISRS ou les anxiolytiques, à des doses appropriées, pourraient améliorer la mémoire et d’autres aspects des fonctions cognitives chez les personnes ayant des niveaux élevés de Aß et à risque de développer la maladie d’Alzheimer », soulignent les auteurs.

Source : Robert H. Pietrzak et coll. Amyloid-β, Anxiety, and Cognitive Decline in Preclinical Alzheimer Disease. JAMA. A Multicenter, Prospective Cohort Study. JAMA Psychiatry. 2015;72(3):284-291.

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