Manganèse et Parkinson: comment le expliquer le lien

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L’exposition au manganèse peut entraîner des symptômes de type Parkinson, en favorisant la production d’une protéine toxique pour les neurones.

Ces résultats peuvent permettre un diagnostic plus précoce des troubles moteurs.

Le manganèse est un nutriment essentiel présent dans « les légumineuses, les ananas, les haricots, les noix, le thé et les céréales ».

Dans le corps humain, le manganèse facilite la régulation de la glycémie, la formation osseuse et l’immunité.

Cependant, l’exposition à des niveaux excessifs de manganèse peut déclencher des symptômes neurologiques de type Parkinson, comme c’est le cas avec des pesticides.

Le manganèse s’accumule dans la zone des noyaux gris centraux du cerveau.

Les chercheurs connaissent ces liens entre le manganèse et la maladie de Parkinson depuis des décennies, mais de nouvelles recherches aident à élucider les mécanismes qui expliquent  ces associations.

Le manganèse favorise Parkinson en agissant sur une protéine toxique

La maladie de Parkinson est caractérisée par des agrégats de protéines alpha-synucléine qui sont mal repliées. Cette conformation défectueuse est toxique pour les neurones.

Les chercheurs ont entrepris d’étudier comment ces protéines mal repliées pourraient interagir avec le manganèse pour déclencher la maladie de Parkinson.

Pour ce faire, ils ont examiné les données des souris et des échantillons de sérum sanguin prélevés auprès de huit soudeurs.

Les soudeurs ont un risque plus élevé d’exposition prolongée au manganèse. La recherche a également examiné un groupe témoin de 10 personnes.

Les analyses ont révélé que les soudeurs exposés au manganèse avaient des niveaux plus élevés d’alpha-synucléine mal repliée, ce qui les expose à un risque plus élevé de Parkinson.

Des tests de culture cellulaire supplémentaires ont montré que l’alpha-synucléine mal repliée était sécrétée par de petites vésicules appelées exosomes. Ces petites vésicules, qui se trouvent entre les cellules, ont permis aux protéines alpha-synucléine de se déplacer de cellule en cellule et de propager davantage la protéine mal repliée.

Les scientifiques ont également isolé des exosomes contenant de l’alpha-synucléine et les ont transféré dans une zone cérébrale chez la souris appelée striatum . Cela a induit des symptômes de type Parkinson chez les souris.

Le manganèse a semblé accélérer la « transmission de cellule à cellule » de l’alpha-synucléine, qui, à son tour, a conduit à une toxicité du neurone.

Les auteurs de l’étude expliquent:

 » Ces résultats indiquent que l’exposition au manganèse favorise la sécrétion d’alpha-synucléine, ce qui provoquent une neuroinflammation et une neurodégénérescence. »

Vers une détection plus précoce de Parkinson

Bien que la maladie n’ait pas encore de remède, la diagnostiquer précocement peut prévenir des lésions cérébrales irréversibles et à tester l’efficacité des nouveaux médicaments contre la maladie de Parkinson.

Cependant, les auteurs de l’étude avertissent également que leurs résultats sont encore expérimentaux et qu’un tel test diagnostique peut ne pas être disponible avant plusieurs années.

Source : Anumantha Kanthasamy et coll. Manganese activates NLRP3 inflammasome signaling and propagates exosomal release of ASC in microglial cells. Science Signaling.  08 Jan 2019: Vol. 12, Issue 563.