L’inflammation joue un rôle dans la maladie d’Alzheimer

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Une quantité importante de marqueurs de l’inflammation dans le sang servirait à prédire de manière la maladie d’Alzheimer ou autres formes de démence.

Une étude publiée en 2018 offre de nouvelles perspectives sur la façon dont le cerveau et le reste du corps communiquent.

La découverte apporte un éclairage nouveau sur la pathologie de la maladie d’Alzheimer ainsi que sur la communication entre le cerveau et le reste du corps. Les résultats ont été publiés dans le Journal of Alzheimer’s Disease.

Les scientifiques savent depuis longtemps que :

    • la pathologie liée à la maladie d’Alzheimer peut se développer avant que les symptômes cliniques de la maladie d’Alzheimer n’apparaissent et que
    • l’inflammation est une composante essentielle de la maladie.

Les scientifiques s’attendaient à ce que les marqueurs de l’inflammation dans le liquide céphalorachidien (LCR) soient des prédicteurs plus fiables de la pathologie liée à la maladie d’Alzheimer et des lésions neuronales que ceux présents dans le sang.

En effet, il faut rappeler que le cerveau est séparé de la circulation sanguine par une « protection » appelé barrière hémato-encéphalique.

« Les résultats de notre étude suggèrent que bien que les marqueurs de l’inflammation du LCR soient de puissants prédicteurs, les marqueurs inflammatoires du sang le sont aussi ».

Le cerveau et le corps communiquent

« De mon point de vue, on avait le sentiment que le sang et ce qui se trouve à la « périphérie » ne sont pas liés au cerveau et que le cerveau et le reste du corps sont complètement séparés ».

« Je pense que de plus en plus d’indices suggèrent que le cerveau et le corps communiquent. Notre étude montre que les marqueurs de l’inflammation dans le sang peuvent nous dire ce qui se passe à l’intérieur du cerveau. »

Des études animales récentes ont montré une forte relation entre l’inflammation élevée et la propagation des protéines tau, qui sont associés à la maladie d’Alzheimer.

Dr. Bettcher a déclaré que les nouveaux résultats pourraient éventuellement servir d’objet à des études plus approfondies visant à développer un test sanguin pour détecter les biomarqueurs de l’inflammation des années avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer.

Elle rajoute que l’étude souligne également que l’infammation joue un rôle précoce dans le vieillissement et la maladie d’Alzheimer.

Bettcher a également souligné que même si les participants avaient des niveaux détectables de marqueurs associés à la maladie d’Alzheimer et des marqueurs de lésions neuronales dans leur LCR, la présence de ces marqueurs ne signifie pas qu’ils développeront nécessairement une maladie d’Alzheimer.

Source : B. Bettcher et coll. Cerebrospinal Fluid and Plasma Levels of Inflammation Differentially Relate to CNS Markers of Alzheimer’s Disease Pathology and Neuronal Damage. Journal of Alzheimer’s Disease, 2018; 62 (1): 385.

L’inflammation : un préditeur clé de la maladie d’Alzheimer

Une inflammation qui pourrait être un signal d’alerte pour certaines démences, selon une nouvelle étude.

«La démence est un syndrome complexe qui résulte souvent de nombreuses causes», a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr Matthew Pase (Florey Institute for Neuroscience and Mental Health à Melbourne, en Australie).

L’étude, qui paraît dans la revue Neurology , avait pour objectif de tester le lien entre un marqueur inflammatoire dans le sang (sCD14) et l’apparition de la démence. L’espoir est que ces biomarqueurs ouvriraient finalement la voie à un moyen de prédire la démence.

En plus des biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer (c.-à-d. amyloïde et tau), les biomarqueurs de l’inflammation et des lésions neuronales peuvent aider à améliorer la prédiction de la démence en général.

La possibilité d’évaluer le risque de démence à l’avance en exploitant des biomarqueurs sanguins est une hypothèse très prometteuse, ce qui peut éventuellement changer le cours de la vie d’une personne.

« Le développement de biomarqueurs sanguins permettrait d’identifier les participants à risque pour les essais de prévention de la démence», a déclaré le Dr Pase.

«Les biomarqueurs de l’inflammation présente dans le système nerveux central, tels que le sCD14, sont des candidats prometteurs à étudier, car l’inflammation semble être une voie courante déclenchée par divers mécanismes menant à la démence.

Les lésions cérébrales qui prédisposent à la démence, qu’elles soient dues à une lésion cérébrale vasculaire, à une maladie d’Alzheimer ou à un traumatisme crânien, s’accompagnent d’une neuroinflammation.

Cependant, les scientifiques ne comprennent pas complètement le rôle de l’inflammation dans les différents types de démence.

S’appuyant sur des recherches antérieures réalisée sur des animaux qui suggéraient que la sCD14 aide à réguler la réponse inflammatoire du cerveau, les chercheurs ont entrepris d’étudier son utilisation comme biomarqueur du risque de déclin cognitif et de démence.

La nouvelle recherche a porté sur plus de 4 700 participants. Dans la première étude, leur âge moyen était de 69 ans, et dans la seconde, de 72 ans. Dans les deux études, les chercheurs ont mesuré la sCD14 plasmatique dans le sang des participants.

Dans une des études, ils ont effectué une  IRM  cérébrale et des tests cognitifs au cours de la première année et une deuxième série de tests après 7 ans. Ils ont également interrogé les participants sur une durée moyenne de 9 ans.

Dans la seconde étude, l’équipe a réalisé la première IRM cérébrale dans les 3 ou 4 ans suivant la participation à l’étude et une seconde IRM environ 5 ans plus tard.

Ce que les chercheurs ont découvert, c’est que des niveaux plus élevés de sCD14 étaient associés aux lésions cérébrales et au vieillissement, ainsi qu’au déclin cognitif.

Bien qu’il n’y ait pas eu d’essais médicamenteux visant à réduire les niveaux de sCD14 et améliorer la capacité cognitive, il existe des traitements qui utilisent des médicaments anti-inflammatoires tels que les statines pour abaisser la sCD14.

«Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour valider nos résultats auprès de populations diverses», a déclaré le Dr Pase. 

«En mesurant la sCD14 dans le sang, il serait intéressant d’examiner dans quelle mesure la sCD14 sanguine reflète l’inflammation dans le cerveau.»

Enfin, conclut-il, «puisque la démence prend plusieurs formes, il sera important de déterminer quelles combinaisons de biomarqueurs prédisent le mieux le risque de démence future.»

Un régime favorisant l’inflammation associé à un risque plus élevé de maladie d’Alzheimer

Selon les résultats d’une étude publiée dans Neurology en 2021, un régime alimentaire pro-inflammatoire élevé (qui favorise l’inflammation) basé sur un score d’indice d’inflammation alimentaire (DII) plus élevé est associé à un risque accru de démence (dont Alzheimer) .

Des recherches antérieures suggèrent que certains aliments peuvent avoir un effet sur l’inflammation dans le corps. Les chercheurs émettent l’hypothèse que l’alimentation, un facteur modifiable du mode de vie, peut aider à combattre l’inflammation et le risque de démence et de troubles cognitifs. L’objectif de l’étude était d’évaluer les associations entre un régime pro-inflammatoire et le risque de développer une démence.

Les participants qui avec un potentiel alimentaire pro-inflammatoire maximal étaient 3,1 fois plus susceptibles de développer une démence par rapport aux participants qui avaient le régime alimentaire le moins inflammatoire.

Il existe donc un lien entre le potentiel inflammatoire du régime alimentaire et le risque de démence incidente.

Source : Charisis S et al. Diet inflammatory index and dementia incidence: a population-based studyNeurology. Published online November 10, 2021.