Aphasie

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L’aphasie est un trouble partiel ou total du langage affectant l’expression ou la compréhension du langage parlé ou écrit.

C’est un trouble du langage provoqué par une lésion cérébrale située, dans la très grande majorité des cas, dans l’hémisphère cérébral gauche.

Ces lésions peuvent survenir à tout âge, mais sont plus fréquentes chez les personnes âgées victimes d’un accident vasculaire cérébral ou souffrant d’une démence.

L’aphasie se distingue des troubles de la voix (dysphonies) et de la parole (dysarthries), même si les personnes aphasiques présentent des difficultés articulatoires et des modifications du volume vocal.

Causes

Une lésion d’une ou de plusieurs aires du cerveau (aire de Broca, substance blanche, noyau caudé, cortex temporo-pariétal ou aire de Wernicke) provoquée par un AVC d’origine ischémique ou hémorragique, un traumatisme crânien, une tumeur cérébrale ou une démence (maladie d’Alzheimer).

Signes et symptômes

La personne a du mal à parler, à articuler et à comprendre ce qu’on lui dit, malgré l’intégrité de la langue et du larynx.

Le symptôme le plus caractéristique de l’aphasie est la difficulté de trouver spontanément le bon mot lors d’un dialogue ou dans un test destiné à nommer un objet que l’on visualise.

Cette caractéristique se distingue des troubles du langage non aphasiques (que l’on observe par exemple dans le cadre du syndrome dysexécutif) ou d’un état confusionnel.

L’incapacité de trouver le bon du mot a généralement pour origine une difficulté à accéder à la forme phonologique correcte. Les connaissances sémantiques concernant l’item à dénommer sont intactes.

Par exemple, une personne aphasique ne pouvant dénommer le mot « orange » est capable de dire qu’il s’agit d’un agrume, de couleur orange, et n’a pas de difficulté à reconnaître l’image d’une orange. De plus, le mot manquant s’accompagne souvent d’une impression d’avoir le mot sur le bout de la langue et peut être retrouvé par un indice (par exemple, le mot commence par le son « O »).

Le langage écrit est autant altéré que le langage oral dans la majorité des cas.

Il existe principalement trois formes d’aphasie:

  • L’aphasie globale: c’est la forme la plus grave de l’apahasie provoquée par une obstruction complète de l’artère cérébrale moyenne; le patient parle peut ou pas du tout. Il articule mal. La communication verbale est presque impossible.
  • L’aphasie de Wernicke1 : l’aire de Wernicke est l’aire de compréhension du langage. Le malade s’exprime, mais a des difficultés à comprendre le langage et à se faire comprendre. La personne ne peut transposer les mots lus ou entendus en une pensée cohérente (les productions verbales caractérisés par un jargon ou des paraphasies). Il existe également une persévération (utilisation répétée du même mot).
  • L’aphasie de Broca : l’aire de Broca est une petite zone située sur le côté gauche du cerveau (parfois à droite chez les gauchers) qui est importante dans le traitement du langage. Lorsqu’elle est endommagée, un individu a du mal à parler mais peut toujours comprendre la parole. Elle fonctionne en étroite relation avec l’aire de Wernicke (aire de compréhension du langage). L’aphasie de Broca est souvent causée par une lésion de l’hémisphère gauche et en particulier l’aire de Broca. Le malade a des difficultés à parler et/ou à écrire. Il est incapable de s’exprimer avec cohérence.
L’aire de Wernicke située dans l’hémisphère gauche.
L’aire de Broca située dans l’hémisphère gauche.
 FluenceMot manquantCompréhensionSignes
Aphasie globaleTrès diminuéeForte incapacité à trouver le motTrès altéréeDiscours souvent limité à une stéréotypie
Aphasie de WernickeNormaleAssez forte incapacité à trouver le motTrès altéréeParaphasies, dyssyntaxie, jargon
Aphasie de BrocaDiminuéeIncapacité à trouver le motSous la normaleDysprosodie, agrammatisme

Les autres formes d’aphasie sont :

  • Aphasie anomique.
  • L’aphasie de conduction.
  • L’aphasie transcorticale.
  • L’aphasie amnésique.

Diagnostic

Examen de l’expression et de la compréhension du langage oral.

Tenir compte du niveau d’éducation et de la langue maternelle.

  • Langage spontané.
  • Répétition de mots, simples ou complexes, et de phrases, afin de mieux repérer les troubles arthriques et les paraphasies.
  • Dénomination et désignation d’items (objets ou images). Le test consiste à faire nommer aux patients une dizaine d’objets présentés visuellement, ce qui permet de déceler l’incapacité du patient à trouver le mot. En cas d’échec, l’examinateur doit s’assurer que l’objet non dénommé a bien été identifié par le patient, en lui faisant désigner l’objet en choix multiple. Si le patient ne peut nommer l’objet parce qu’il ne l’identifie pas, il ne s’agit pas d’aphasie, mais d’agnosie visuelle.
  • Description d’une image complexe.
  • Récit d’une histoire.
  • Exécution d’ordres simples et complexes.
  • Test de la compréhension orale. L’examinateur donne un ordre au patient tel que « voici 3 papiers un grand, un moyen, un petit, vous allez me donner le grand, garder le moyen et jeter le petit ».

Examen du langage écrit

  • Identification de lettres, syllabes et mots.
  • Lecture à haute voix.
  • Compréhension du langage écrit.
  • Écriture spontané.
  • Dictée.

Cet examen peut être approfondi avec des épreuves plus complexes telles que la définition de mots, l’interprétation d’un texte ou la construction d’une phrase avec des mots.

Aphasie provoquée par un accident vasculaire cérébral

Il semblerait que les aphasies fluentes (de type Wernicke) soient plus présentes que les aphasies non fluentes avec agrammatisme chez les personnes âgées victimes d’un accident vasculaire cérébral.

Le profil clinique peut être plus complexe, avec peu de difficultés à trouver le mot mais une présence de paraphasies sémantiques et d’erreurs visuelles, et survient chez des patients présentant des symptômes cognitifs, comportementaux et thymiques associés (ralentissement, troubles attentionnels, troubles des fonctions exécutives, troubles mnésiques, dépression, anxiété, apathie). De plus, l’évaluation précise de ces patients est rendue difficile par les troubles associés et par la fatigabilité.

Aphasie et démences

L’aphasie est présente chez les personnes atteintes de différentes formes de démence, en partie la maladie d’Alzheimer et surtout les démences fronto-temporales.

L’aphasie peut être un symptôme parmi d’autres ou, au contraire, se situer au premier plan tout au long de l’évolution : on parle alors d’aphasie progressive primaire, une pathologie qui fait partie des démences fronto-temporales.

L’aphasie progressive primaire affecte généralement les personnes vers la soixantaine, avec un début insidieux caractérisé par des difficultés dans le langage spontané qui s’aggravent progressivement. Il existe deux formes possibles :

  1. l’aphasie progressive non fluente avec un discours réduit, des difficultés articulatoires et un agrammatisme, alors que la compréhension reste préservée;
  2.  l’aphasie progressive fluente avec un discours fluide mais des troubles de compréhension du mot.

Une forme particulière d’aphasie progressive primaire, l’aphasie logopénique, apparaît dans la maladie d’Alzheimer.

Dans la maladie d’Alzheimer, les troubles du langage apparaissent de manière discrète et ont surtout pour origine un déficit des connaissances sémantiques que d’une incapacité à trouver le mot.

Prise en charge

  • La récupération peut se faire de manière spontanée.
  • Séances d’orthophonie.  Elles sont bénéfiques et améliorent la capacité de communication des patients. Le bénéfice est cependant souvent limité par les troubles de la compréhension ou par des facteurs non liés à l’aphasie, tels que la fatigabilité, une faible motivation ou des troubles sensoriels. Dans la plupart des cas, l’orthophoniste se concentre sur l’éducation de l’entourage familial, afin qu’il communique le mieux possible avec le patient.  Dans le cas de l’aphasie progressive, une prise en charge prolongée est nécessaire car cette forme d’aphasie évolue, à moins que le patient ne présente des troubles cognitifs ou compréhension importants.