Le stress affecte-t-il la mémoire ?

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Il existe un lien entre un stress accru et une perte de mémoire.

Le stress peut aggraver la perte de mémoire chez les personnes ayant un déficit cognitif léger grâce à un effet néfaste du cortisol sur le cerveau.

Le stress peut être atténué par une approche comportementale (p. ex. la thérapie cognitivo-comportementale) ou à l’aide de nouvelle technologie, telle que feel-good.space un site et une app anti-stress. Ces interventions non pharmacologiques pourraient retarder ou même empêcher le déclin cognitif d’un individu, en réduisant le niveau de stress chronique.

Le stress aggraverait les troubles de mémoire

Les auteurs ont cherché dans une étude à déterminer l’association entre les niveaux de stress chronique et la vitesse de déclin de la mémoire chez les personnes âgées cognitivement normales et légèrement déficientes. 

Cette étude longitudinale inclut 61 sujets cognitivement normaux et 41 sujets atteints de troubles cognitifs légers (âgés de 65 à 97 ans). Cinquante-deux sujets ont été suivis en moyenne 2 ans et ont subi des évaluations de leur niveau de stress et de leurs fonctions cognitives. 

Résultats: Des niveaux de stress plus élevées étaient associées à un déclin cognitif plus rapide chez les sujets présentant un déficit cognitif léger, mais pas chez les sujets cognitivement normaux, ce qui suggère que le stress chronique affecte le fonctionnement cognitif différemment chez les sujets cognitivement normaux et ceux ayant une déficience cognitive légère.

La première étape pour réduire son niveau de stress consiste à déterminer quels sont les facteurs déclencheurs.

Dans une autre étude publiée en 1996 sur 50 individus âgés de 60 à 87 ans, les chercheurs ont montré que plus l’augmentation des niveaux de cortisol étaient élevés, plus la performance au test de mémoire était faible.

Les déficits de mémoire impliquaient en particulier la mémoire épisodique.

Comment expliquer cette relation ?

La relation entre stress chronique et les problèmes mnésiques s’expliquerait par les niveaux élevés de cortisol, l’hormone du stress qui augmente dans notre organisme en présence d’une menace ou d’une situation jugée à risque.

Ce niveaux élevés ont été mesurés chez des rats qui présentaient moins de synapses – zones de contact entre deux neurones – du cortex préfrontal, la région du cerveau impliquée dans la mémoire à court-terme.

Cette perte synaptique serait à l’origine des trous de mémoire.

Le stress chronique provoque également de l’anxiété, de l’hypertension et favoriserait la prise de poids.

Cette étude confirme l’hypothèse selon laquelle une augmentation soutenue du cortisol dans le cerveau produit des effets délétères sur l’hippocampe – une structure du cerveau impliquée dans l’apprentissage et la mémoire – contribuant à altérer la performance cognitive de la personne âgée.

D’autres résultats ont montré qu’un test stressant (une entrevue en public) diminue la performance de la mémoire déclarative contrairement à une condition non stressante, et cette baisse de performance s’accompagne d’une augmentation des taux de cortisol. Le fait d’anticiper le stress, et non le stress lui-même, pourrait jouer un rôle plus important que le stress lui-même dans le déficit de mémoire déclarative produit par le stress. Source: Anderson et al. Aging and HPA Status Predict Prefrontal Deficits. J. Neurosci., juin 2014, 34:8387.

Une vie très stressante peut conduire à la maladie d’Alzheimer

Des personnes âgées hautement stressées peuvent doubler leur risque de développer la maladie d’Alzheimer.

« Le stress perçu reflète les tracas quotidiens que nous ressentons tous, ainsi que la façon dont nous pouvons faire face à ces événements », déclare les auteurs d’une étude parue en 2015.

L’étude a examiné le lien entre le stress chronique et le déclin cognitif léger (DCL) de type amnésique, la forme le plus commune de DCL, qui est principalement caractérisée par une perte de mémoire.

Les individus stressés se sont révélés être deux fois plus susceptibles de développer un déclin cognitif léger (DCL), un état qui constitue un facteur de risque important de maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs ont étudié les données recueillies auprès de 507 personnes inscrites à l’Einstein Aging Study, une cohorte de personnes âgées mise en place par L’Albert Einstein College of Medicine de New York (Etats-Unis). Ils avaient au moins 70 ans.

Les participants ont subi une série d’examens incluant des tests neuropsychologues qui évaluent la mémoire et des évaluations cliniques.

Soixante-et-un des 507 participants ont été diagnostiqués avec un déclin cognitif léger avec perte de mémoire  au cours de l’étude.

Les chercheurs ont utilisé une échelle de perception du stress appelée Perceived Stress Scale (ou PSS). Les personnes qui avaient le plus haut score au PSS se sont révélées être deux fois et demie plus susceptibles de développer un DCL de type amnésique que celles qui avaient la marque la plus basse.

Les chercheurs estiment que la gestion des niveaux de stress élevés pourrait aider à retarder ou même éviter une perte de mémoire avérée. Source : Katz MJ et coll. Influence of Perceived Stress on Incident Amnestic Mild Cognitive Impairment: Results From the Einstein Aging Study. Alzheimer Dis Assoc Disord. 2015 Dec 10.


Le stress au travail peut augmenter le risque de démence vasculaire

Les gens qui vivent un stress en milieu de travail ou qui se plaignaient d’avoir été sous pression ont un risque accru (+28%) de démence vasculaire.

Un stress en milieu de travail se définit notamment par une situation conflictuelle avec sa hiérarchie, un manque de soutien de la part des collègues.

Ce risque est augmenté de 39% (+17% pour toutes les formes de démence) lorsque les participants estimaient avoir du mal à exercer un contrôle sur leur travail.

Fait intéressant : l’effet néfaste du stress chronique porte essentiellement sur la démence vasculaire. Les résultats de cette étude prospective porte sur plus de 10 000 suédois âgés de 65 ans et plus. Source : J Am Geriatr Soc. 2012;60:60-67.